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HOSTOVSKY EGON (1908-1973)

Romancier tchèque né en Bohême du Nord-Est, d'une famille juive, Egon Hostovský n'achève pas ses études de lettres, mais travaille dans l'édition, puis entre en 1937 aux services des Affaires étrangères. Surpris par la guerre à Bruxelles, il s'exile aux États-Unis et travaille pour le gouvernement tchécoslovaque exilé à Londres. Rentré au pays, affecté aux services diplomatiques en Norvège, il préfère, une fois de plus, l'exil au nouveau pouvoir installé en 1948 à Prague. Il se fixe aux États-Unis. Son origine, les tribulations de sa vie confrontée aux bouleversements du monde font de son œuvre de narrateur sobre et fort l'un des sommets de la littérature tchèque de ce siècle ; si elle s'inscrit dans le sillage d'un Stevenson, d'un Dostoïevski, et rappelle Kafka, elle laisse surtout pressentir la sensibilité « existentielle » occidentale.

Son premier volume de récits, La Porte fermée (Zavřené dveře, 1926), et ses romans, Le Sentier le long de la route (Stezka podél cesty, 1928), Le Ghetto en eux (Ghetto v nich, 1928), L'Offrande des Grecs (Danajsky dar, 1930), L'Ombre perdue (Ztraceny stín, 1932, film) et Le Cas du professeur Körner (Případ profesora Körnera, 1932) traitent de situations et de motifs humains où s'affirme rapidement la vision psychologique personnelle d'Hostovský, qui n'a rien des descriptions classiques mais s'apparente surtout à la psychanalyse et à la « psychologie des profondeurs » qu'elle anticipe. Dans le psychisme et le subconscient de tout homme, d'obscures pulsions le poussent à agir de manière étrange, incompréhensible, ou à ne pas agir ; les hommes souffrent de sentiments angoissants de déracinement, de solitude, d'« étrangeté » au monde, d'où la difficulté, voire l'impossibilité de communiquer avec les « autres », et les complexes de frustration, d'infériorité, voire de dédoublement. Sur ce fond complexe, un nouveau motif : le conflit adultes-enfants (ou l'antinomie rêve-réalité) apparaît comme le thème central des romans La Bande noire (Černá tlupa, 1933), L'Incendiaire (Žhář, 1935, trad. franç.) et même de l'histoire de la faillite d'une famille juive, dans La Maison sans maître (Dům bez pána, 1937, trad. franç) — sommet de l'œuvre d'avant la guerre. Enfin, deux volumes de récits concluent cette période, notamment le triptyque symbolique Trois Vieillards (Tři Starci, 1938).

Ses œuvres du temps de guerre reflètent la situation d'une autre sorte de « déracinés » — les réfugiés tchèques. D'où les thèmes et motifs de la fuite, du mal du pays, de la résistance, de l'interrogation sur le rôle et la responsabilité de chacun. Hostovský pense alors au sort de l'humanité européenne tout entière dans les autobiographiques Lettres de l'exil (Listy z vyhnanství, 1941), dans les romans Sept Fois dans le rôle principal (Sedmkrát v hlavní úloze, 1942), dans L'Abri (Úkryt, 1943) qui se passe dans la France occupée, et encore avec Étranger cherche appartement (Cizinec hledá byt, 1947).

Les romans qu'il écrit pendant son second exil évoquent pour la plupart ses compatriotes affrontés, comme lui, à des conditions nationales et internationales toutes nouvelles. En réalité, il ne fait que pousser toujours plus loin ses thèmes anciens sur la difficulté d'être, les menaces suspendues sur les vies humaines, voire la conspiration menée contre l'homme dans un monde « labyrinthique » ; il use parfois d'intrigue policière ou d'espionnage (rappelant en cela Graham Greene, son ami) : Le Disparu (Nezvěstny, 1951), Le Vertige de minuit (Půlnoční pacient, 1954 ; trad. franç. et adaptation cinématographique par H.-G. Clouzot : Les Espions), La charité mène le bal (Dobročinny večírek, 1957, trad.[...]

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Écrit par

  • : chargé de cours (littérature tchèque, littérature comparée) à l'Institut national des langues et civilisations orientales

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