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SCHIELE EGON (1890-1918)

1918, la tentation « baroque »

Affiche de la 49<sup>e</sup> exposition de la Sécession, E. Schiele - crédits : Erich Lessing/ AKG-images

Affiche de la 49e exposition de la Sécession, E. Schiele

En cette dernière année de sa vie où le succès tant attendu, tant désiré, est enfin au rendez-vous avec une exposition de cinquante peintures, organisée dans le bâtiment de la Sécession à Vienne, Schiele amorce un nouveau virage que la mort viendra brusquement interrompre. À nouveau la ligne s'anime, vibre, devient plus dynamique, plus souple, mais cette fois elle se courbe, elle ondule. Est-ce un hommage à Klimt qui vient de mourir ou une référence plus lointaine à la peinture baroque autrichienne ? En tous cas, le peintre est à la recherche d'une nouvelle synthèse où le modelé des corps et le réalisme des expressions se conjuguent avec la stylisation de la ligne dans une composition plus complexe, plus mouvementée qu'auparavant. C'est alors que survient le drame : trois jours après avoir enterré son épouse Edith qui attendait un enfant, Schiele meurt à son tour le 30 octobre 1918, victime de la grippe espagnole.

Non seulement l'œuvre de Schiele dérange par sa violence d'expression, sa crudité et parfois sa morbidité, mais elle déroute aussi par ses bifurcations, ses chemins de traverse, ses allusions à l'histoire de l'art. « Mon œuvre n'est pas moderne, elle est de toute éternité », écrivait l'artiste. Autrement dit, il ne s'agissait pas pour lui d'élaborer un langage plastique différent mais une nouvelle forme d'expression à partir du vocabulaire légué par la tradition, paradoxe au cœur de la modernité viennoise. Voilà pourquoi Schiele incarne au mieux l'expressionnisme autrichien et pourquoi son œuvre a subi un aussi long purgatoire.

— Yves KOBRY

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<it>Autoportrait</it>, E. Schiele - crédits : Erich Lessing/ AKG-images

Autoportrait, E. Schiele

<it>L'Étreinte</it>, E. Schiele - crédits :  Bridgeman Images

L'Étreinte, E. Schiele

<it>Nu couché</it>, E. Schiele - crédits : AKG-images

Nu couché, E. Schiele

Autres références

  • GRAINVILLE PATRICK (1947- )

    • Écrit par
    • 1 096 mots
    • 1 média
    Patrick Grainville est sensible à l’intrication de la vie et de la mort qu’il repère dans l’œuvre du peintre autrichien Egon Schiele (1890-1918), vouée jusqu’à l’excès à la passion des extrêmes. Dans l’ouvrage qu’il lui consacre (Egon Schiele, 1992, rééd. sous le titre L’Ardent...