ÉGYPTE ANTIQUE (Civilisation) L'art
L'architecture funéraire
Les complexes funéraires royaux sous l'Ancien et le Moyen Empire (2700-2200 av. J.-C. environ et 2060-1650 av. J.-C. environ)
Sous la IIIe dynastie, Imhotep, architecte de Djeser, imagine à Saqqarah, pour couvrir les appartements funéraires du roi, la première pyramide en pierre. À gradins et haute de 60 mètres, celle-ci est à la fois la transposition du tertre initial sur lequel se posa le démiurge au matin de la création et l'image d'un immense escalier permettant au souverain défunt de rejoindre dans l'empyrée l'astre solaire. Le caveau, dallé de granit rose d'Assouan, aménagé au fond d'un puits profond de 28 mètres, est relié à un réseau de galeries, dont l'une est décorée de trois stèles gravées de l'effigie du pharaon accomplissant une course rituelle.
À de rares exceptions près, la pyramide, lisse et non plus à degrés, demeure la forme caractéristique du tombeau royal jusqu'à la fin du Moyen Empire. Les réalisations les plus spectaculaires sont les pyramides érigées sur le plateau de Giza (Gizeh) pour les pharaons Chéops (Khéops), Chephren (Khéphren) et Mykérinos (Mycérinus), la première surtout, aussi impressionnante par sa taille (146,60 m de hauteur sur une base carrée de 230,50 m de côté) que par son aménagement intérieur. Celui-ci comprend trois caveaux, l'un souterrain, dans l'axe de l'édifice, les deux autres construits dans la superstructure. Le plus élevé d'entre eux, édifié en blocs de granit et surmonté de cinq chambres également en granit, elles-mêmes couronnées de mégalithes en calcaire disposés en chevrons, est accessible par une vaste galerie constituée de sept assises formant une voûte en tas de charge. Cet ambitieux dispositif est unique. Les appartements funéraires des successeurs de Chéops redeviennent souterrains, et tous obéissent, à partir de la fin de la Ve dynastie et jusqu'à la chute de l'Ancien Empire, à un plan commun : une descenderie, un vestibule, un couloir fermé après l'inhumation du roi par des herses de granit, une antichambre à l'extrémité sud, encadrée, à l'est, par une pièce appelée serdab (du terme arabe signifiant cave) servant de magasin et, à l'ouest, après un court passage, par la chambre du sarcophage. Comme l'indiquent, depuis le règne d'Ounas, dernier roi de la Ve dynastie, les textes gravés en colonnes de délicats hiéroglyphes peints en vert, cet ensemble correspond au parcours effectué d'ouest en est par le roi pour prendre place, à l'aube, dans la barque diurne du soleil. Quittant son sarcophage, le défunt s'attarde dans sa chambre sépulcrale, assimilée à la Douat, lieu où l'astre en gestation séjourne pendant la nuit, puis se rend dans l'antichambre, soit l'horizon, avant de gagner le couloir identifié au ciel, non sans être auparavant passé par la demeure secrète d'Osiris, le serdab, seule pièce demeurée anépigraphe. La volonté d'uniformisation des sépultures royales ne concerne pas uniquement l'aménagement de l'infrastructure ; elle s'étend aussi aux dimensions de la superstructure, qui considérablement réduites par rapport à celles des pyramides de Chéops et de Chephren, sont fixées au cours de la Ve dynastie à 79 mètres pour la base et à 52 mètres environ pour la hauteur.
Contrairement aux rois de la XIe dynastie, enterrés dans des hypogées creusés dans la falaise dominant la rive occidentale de Thèbes, leur ville d'origine, les souverains des deux autres dynasties du Moyen Empire optent de nouveau pour la pyramide, à l'instar de leurs prédécesseurs memphites, dont ils revendiquent le glorieux héritage, allant même jusqu'à réemployer pour la construction de leurs complexes funéraires des blocs déplacés de Giza. Leurs architectes ont souvent préféré, pour[...]
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Écrit par
- Annie FORGEAU : maître de conférences à l'université de Paris-IV-Sorbonne, docteur d'État
Classification
Médias