ÉGYPTE ANTIQUE (Histoire) L'archéologie
Préparée par les travaux des savants de l'expédition d'Égypte (menée par Bonaparte en 1798-1799), amorcée par les découvertes de voyageurs érudits célèbres, tels Champollion (qui, en 1828-1829, remonta le Nil jusqu'à la deuxième cataracte) puis le Prussien Lepsius (qui, de 1842 à 1845, visita de nombreux sites, s'avançant loin dans ce qu'on appelait alors l'Éthiopie, c'est-à-dire l'actuel Soudan), la grande aventure de l'archéologie égyptienne, la recherche systématique sur le terrain des matériaux nécessaires à la reconstitution de l'histoire, est née vraiment avec Auguste Mariette : au terme d'une quête obstinée dans les sables de Saqqara, le 12 novembre 1851, il découvre l'entrée du Serapeum de Memphis, les vastes souterrains de la nécropole des taureaux sacrés. Pendant trente ans, jusqu'à sa mort au Caire le 18 janvier 1881, Mariette-Pacha s'identifia à l'archéologie égyptienne ; il fut nommé maamour (directeur) des antiquités en 1858 et il est peu de sites d'Égypte où il n'ait travaillé ; les énormes dégagements qu'il opéra sont aujourd'hui jugés parfois quelque peu rapides – mais ils étaient nécessaires ; dans le secteur des pyramides, on lui doit, entre autres, la découverte de la statue du Cheikh el-Beled, puis celle du Khephren en diorite, la tombe de Ti et la liste royale de Saqqara ; à Abydos, il trouva nombre de monuments funéraires et une autre liste royale non moins fameuse ; San el-Hagar, l'antique Tanis, lui réserva les monuments inscrits aux noms des Hyksos, ces envahisseurs asiatiques de la Seconde Période intermédiaire (vers 1650-1550 av. J.-C.) ; dans la nécropole thébaine, il découvrit les trésors de la reine Aahhotep et à Deir el-Bahari il étudia le temple de la reine Hatchepsout ; à Karnak, il dégagea le grand temple dynastique et y recueillit les inscriptions des rois du Nouvel Empire, en particulier les textes triomphaux de Thoutmosis III ; il fit resurgir les immenses sanctuaires ptolémaïques de Dendera et d'Edfou dont les ruines étaient couvertes de pauvres villages ; pour abriter tous les trésors recueillis, Mariette créa ce qui est devenu le musée du Caire.
À Gaston Maspero qui lui succéda à la direction du Service des antiquités de l'Égypte est due l'installation au Caire d'une école française, le futur Institut français d'archéologie orientale. Deux brillantes découvertes marquèrent les débuts de son activité : celle des textes gravés dans les appartements funéraires des pyramides de la fin de la Ve et de la VIe dynastie, à Saqqara, la plus ancienne composition religieuse de l'humanité, et celle des momies royales de Deir el-Bahari ; de cette cachette sortirent des objets précieux et les dépouilles d'une dizaine de pharaons, dont les illustres conquérants Thoutmosis III et Ramsès II, les vestiges de reines et de princes, ainsi que l'abondant matériel funéraire des pontifes thébains de la XXIe dynastie. Réorganisant le musée, il écrivit un « Guide » pour les visiteurs, qui est un véritable manuel, et traça le plan d'un catalogue général qui offre une suite de plus d'une centaine d'épais volumes, malheureusement aujourd'hui interrompue. Quand, au début du xxe siècle, la Nubie fut menacée de submersion par la construction de la digue d'Assouan, il sut organiser une exploration de la vallée qui a abouti à la publication d'une magnifique série, Les Temples immergés de la Nubie. Donnant au Service des antiquités de l'Égypte une ferme structure, luttant avec acharnement contre les fouilles clandestines, réglementant la quête, par les fellahs, du sebakh (cette terre de décomposition des ruines, riche en engrais, certes, mais aussi en vestiges archéologiques), Maspero reçut le concours de nombreuses missions[...]
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Écrit par
- Jean LECLANT : secrétaire perpétuel de l'Académie des inscriptions et belles-lettres
Classification
Médias