ÉGYPTE ANTIQUE (Histoire) L'archéologie
Le Nouvel Empire : Thèbes et Memphis
Thèbes, en Haute Égypte, fut à son époque la plus glorieuse, celle du Nouvel Empire (vers 1550-1070 av. J.-C.), l'un des lieux majeurs de l'histoire égyptienne. À Karnak, le grand temple dynastique, avec ses annexes, mériterait à lui seul une longue étude, tant sa prospection a été l'objet de travaux – et pourtant une partie considérable des ruines demande encore à être fouillée et beaucoup des vestiges dégagés ne sont pas à proprement parler publiés. De nombreux archéologues, tels G. Legrain, M. Pillet, H. Chevrier, C. Robichon, Labib Habachi y ont, pendant des décennies, développé une activité inlassable ; les secteurs de recherches sont multiples depuis Karnak-Nord, où la mission de l'Institut français d'archéologie orientale a repris en 1968 les fouilles interrompues depuis 1951, jusqu'au temple de Mout, qu'explore une mission américaine. Le Centre franco-égyptien, fondé en 1967, a entrepris des travaux d'importance : relevé du décor et des inscriptions des monuments, fouilles, travaux de restauration et d'anastylose. Dans l'enceinte du temple d'Amon, qui est sans doute le site le plus étudié de toute l'Égypte pharaonique, on continue à faire des découvertes importantes. Ainsi, le môle ouest du neuvième pylône du temple, construction massive qui menaçait de s'effondrer, a été démonté pierre par pierre depuis 1968 ; dans le remplissage ont été recueillis plus de 13 000 blocs (les « talatates ») décorés de reliefs, qui provenaient d'un temple disparu, édifié à l'est de la grande enceinte de Karnak par le pharaon hérétique Aménophis IV (vers 1360 av. J.-C.) et consacré par lui à Aton, le disque solaire. Après l'échec de la révolution religieuse amarnienne, on tenta d'en faire disparaître jusqu'au souvenir ; les pierres du temple furent démontées et réutilisées par le pharaon Horemheb (vers 1330-1300 av. J.-C.) pour le remplissage du neuvième pylône. Les talatates sont enregistrées et étudiées par les archéologues de Karnak ; leur assemblage permet peu à peu de reconstituer les parois décorées de ce temple inconnu ; des informations précieuses sont obtenues sur l'architecture, l'urbanisme et la vie dans la capitale thébaine sous la XVIIIe dynastie, et plus précisément durant la période amarnienne.
En face de Karnak, sur la rive ouest du Nil, de nombreuses missions archéologiques poursuivent des fouilles, des travaux de relevés, de nettoyage et de restauration dans les tombes ou les temples funéraires de la nécropole thébaine. Une mission de l'université de Berkeley (Californie), dirigée par K. R. Weeks, a travaillé à l'élaboration d'une nouvelle carte de l'ensemble de la nécropole en réalisant pour ce faire une prospection topographique et archéologique générale du secteur, avec des plans, des coupes et des relevés de tombes. Dans la Vallée des Rois, une mission américaine est en train de poursuivre le déblaiement de ce qui pourrait être une tombe collective des enfants de Ramsès II. À Deir el-Bahari, la mission polonaise reconstruit le célèbre temple funéraire de la reine Hatchepsout et celui de son implacable rival Thoutmosis III. Dans la vallée des Reines, plusieurs tombes posent de graves problèmes de conservation. C'est le cas en particulier de la sépulture si délicatement peinte de la célèbre reine Néfertari, épouse de Ramsès II, qui a été l'objet d'une magnifique restauration sous l'égide de la fondation Paul-Getty.
Cependant, la nécropole thébaine ne saurait se prévaloir du monopole des tombes du Nouvel Empire. Dans l'autre capitale, Memphis, il faut mentionner la découverte importante, à Saqqara, de la tombe préparée pour Horemheb, à la fin de la XVIIIe dynastie. On ne connaissait de cette[...]
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Écrit par
- Jean LECLANT : secrétaire perpétuel de l'Académie des inscriptions et belles-lettres
Classification
Médias