- 1. Les sources de notre connaissance
- 2. L'époque archaïque (6000- env. 3000)
- 3. L'Ancien Empire (2815-2400)
- 4. La période des royautés multiples (2300-2050)
- 5. Le Moyen Empire (2000-1800)
- 6. L'effondrement et les Hyksos (1800-1600)
- 7. Le Nouvel Empire (1590-1085)
- 8. La basse époque (1085-333)
- 9. Bibliographie
ÉGYPTE ANTIQUE (Histoire) L'Égypte pharaonique
L'Égypte est une étrange réalité géographique. Tout s'y fait au contraire des autres pays, remarque Hérodote. C'est une longue oasis verdoyante d'une fertilité extraordinaire. Mais, hors de la plaine qui borde le fleuve, c'est un terrain d'une affreuse aridité, qui commence de manière si abrupte qu'on peut avoir un pied dans les cultures et l'autre dans le désert. Ailleurs, les inondations sont irrégulières et destructrices ; ici, elles sont étonnamment réglées et fécondantes. Les autres peuples doivent défendre leurs frontières. L'Égypte n'a à se garder qu'au nord-est, vers la péninsule du Sinaï ; et, encore, faut-il pour l'attaquer sérieusement des empires organisés, parce qu'il est nécessaire de franchir un désert inhospitalier pour arriver à l'eau et aux cultures. Partout ailleurs, des solitudes sableuses et mortelles la protègent. Elle n'a été conquise qu'une fois par le sud, au viiie siècle.
Le lit du fleuve présente aussi une curieuse particularité. Tant qu'il descend du sud au nord entre les montagnes arabiques à l'est et les hauteurs libyques à l'ouest, la vallée est unique, relativement étroite, de climat tropical. Lorsque, au nord de l'antique Memphis, il s'étale en sept branches dans l'ancien golfe marin, colmaté par le limon qu'il charrie, on a une vaste plaine, sillonnée de canaux qui se terminent vers la mer par d'impénétrables fourrés. Le climat est méditerranéen. Parfois il pleut, surtout dans la partie nord ; beaucoup d'arbres à feuilles caduques marquent nettement la distinction entre l'été et l'hiver. Une végétation méditerranéenne croît jusqu'à une centaine de kilomètres de la côte. La Basse-Égypte s'oppose à la Haute-Égypte. La dualité du pays est réelle, même si ensuite elle devient en quelque sorte mythique. Mais l'ensemble est voué à l'unité. Depuis l'union du Double-Pays par le roi Ménès, toute division a été pour l'Égypte une catastrophe. La prospérité est fonction d'une organisation unifiée depuis la première cataracte jusqu'à la mer : creusement des canaux, retenue plus ou moins prolongée des eaux, réserves destinées à parer aux besoins en cas d'irrégularités de la crue. L'histoire biblique de Joseph en est une illustration célèbre.
Mais la longueur même du territoire, en des temps où les communications étaient beaucoup plus lentes qu'aujourd'hui, favorisait son morcellement. Aussitôt que la poigne du pharaon se relâchait et que les particularismes locaux aboutissaient à des royautés ou tout au moins à des principautés multiples, c'était la misère dans la vallée et l'invasion étrangère. Les nomades asiatiques qui poussaient leurs troupeaux dans les déserts, à l'ouest du Sinaï, avaient tendance à aller chercher l'eau et le fourrage sur les confins cultivés de l'Égypte ; naturellement, ils pillaient quand on ne voulait pas leur accorder ce qu'ils demandaient. Ils s'infiltraient et parfois s'installaient. Les Libyens, à l'ouest, n'en usaient pas différemment. Ils avaient plus de facilités pour se déplacer le long de la côte. Il y avait toujours un peu de pâture, quelques arbres et des points d'eau. On appelle communément « périodes intermédiaires » ces moments où se relâcha le pouvoir royal, mais nous éviterons ce mot qui ne signifie rien pour garder le terme de « royautés multiples », très clair par lui-même. Elles se situent après la VIe et après la XIIIe dynastie. L'histoire de l'Égypte pharaonique est celle de l'alternance de centralisation – accompagnée d'extension territoriale et de développement social – et d'émiettement du pouvoir, lié à l'invasion étrangère et à la décadence.[...]
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Écrit par
- François DAUMAS : directeur de l'Institut français d'archéologie orientale, Le Caire
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Médias