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ÉGYPTE ANTIQUE (Histoire) L'Égypte ptolémaïque

La famille des Lagides

Aux ressources des documents épigraphiques ou papyrologiques, des auteurs tels que Strabon et Diodore de Sicile (ier s. apr. J.-C.) viennent ajouter de précieux renseignements. En sorte qu'on connaît bien la famille des Lagides (souvent aussi cruelle que celle des Atrides), qui gouverna l'Égypte durant trois siècles. Cette monarchie, en son principe, était héréditaire, le fils aîné devant succéder à son père. Des intrigues de cour violèrent ce principe : ainsi, Ptolémée Ier Sôter arracha à son fils Ptolémée Kéraunos la succession au trône d'Égypte, pour imposer un bâtard légitimé, le futur Ptolémée II Philadelphe. Plus souvent encore, le crime devint une règle de succession et de gouvernement : ainsi Ptolémée IV Philopator n'hésita pas, pour affermir son pouvoir, à assassiner son oncle Lysimaque, sa mère Bérénice II, son frère Magas, sa sœur-épouse Arsinoé III. À défaut du crime, la guerre opposa fréquemment les enfants royaux, tels les descendants de Ptolémée V Épiphane : Ptolémée VI Philométor, Ptolémée VIII Évergète II, Cléopâtre II. Tels aussi les deux fils de Ptolémée VIII Évergète II : Ptolémée IX Sôter II et Ptolémée X Alexandre Ier, entre lesquels leur mère Cléopâtre III, nièce et seconde épouse de Ptolomée VIII Évergète II, sema la discorde. Les drames de palais sont un des traits de la dynastie lagide et des bouleversements dont elle fut le théâtre. Ptolémée VIII Évergète II, par exemple, n'hésita pas à épouser la reine quadragénaire, sa sœur, veuve de son frère Philométor, et à assassiner le fils de celle-ci, son neveu Eupator ; puis il imposa à sa femme la présence de la favorite Irène ; enfin il fit violence à la fille de sa femme, qui était aussi deux fois sa nièce et qui devint son épouse ; finalement, il se réconcilia, par calcul, avec la vieille reine, contrainte d'oublier le meurtre horrible du prince Memphitès, qu'elle avait eu du roi. Ces turpitudes n'empêchèrent pas ce souverain de dédier, dans l'île de Philae, un temple à Aphrodite, en son nom et au nom de la reine Cléopâtre, tout ensemble sa sœur et son épouse. Par une sorte d'ironie de l'histoire, cette dédicace à Aphrodite inaugure au bord du Nil la monarchie de femmes que deviendra après sa mort la dynastie des Ptolémées, tant il est vrai que, dans cette Égypte du iie siècle avant J.-C., selon le mot de Diodore, la reine avait plus de pouvoir et était plus respectée que le roi. La plus originale de ces reines lagides devait être, sans conteste, l'illustre Cléopâtre VII, fille de Ptolémée XII Néos Dionysos Aulète, épouse de César puis de Marc Antoine, dernière souveraine de l'Égypte ptolémaïque.

Le dernier rejeton des Ptolémées devait être le fils de César. Né en 47 avant J.-C. et assassiné en 30, il faudrait l'appeler Ptolémée XV, puisque Cléopâtre épousa successivement ses deux frères, d'abord Ptolémée XIII, né vers 61 et roi de 51 à 48, puis Ptolémée XIV, né vers 59 et roi de 48 à 44. Ce dernier périt lors de la bataille du Nil, noyé avec les hommes qui s'étaient imprudemment entassés sur un bateau. Pour qu'Alexandrie comprenne qu'il était vainqueur de ce Ptolémée, César, selon Florus et Orose, aurait envoyé dans la ville la cuirasse d'or du souverain. Quant aux jumeaux que Cléopâtre eut d'Antoine, Alexandre Hélios et Cléopâtre Séléné, ils figurèrent en 29 au triomphe d'Octavien (Auguste), avant de finir de façon obscure, loin du royaume lagide. On ne sait trop ce que devint le troisième enfant de Cléopâtre et d'Antoine, Ptolémée XVI Philadelphe. Le sort d'Alexandre Hélios nous échappe après qu'il eut trouvé asile et famille, ainsi que sa sœur et son frère cadet, chez la première femme d'Antoine, Octavie. Cléopâtre Séléné épousa Juba, roi de Numidie, qui régna ensuite sur la Mauritanie. Par un étrange détour du destin, le fils[...]

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Écrit par

  • : professeur à la faculté des lettres et sciences humaines de Dijon

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Sarcophage momiforme, Akhmim, Égypte - crédits :  Bridgeman Images

Sarcophage momiforme, Akhmim, Égypte