ÉGYPTE DES PHARAONS (notions de base)
La cosmologie des anciens Égyptiens
Le monde des dieux antiques s’organise autour de mythes de la création du monde (cosmogonies) et de grands cycles mythologiques qui exaltent l’ordre des choses, constamment menacé par le chaos. Dans ce cadre général, la religion égyptienne exprime une conception caractérisée par une très grande propension à associer entre elles les divinités et leur culte.
Le panthéon égyptien
Depuis les hiéroglyphes des premières dynasties jusqu’à la domination romaine, la religion égyptienne offre sur plus de trois millénaires une remarquable continuité. Elle repose sur la croyance en un ordre universel, fruit de la volonté du démiurge lors de la création. Un ordre constamment menacé par le chaos dont il faut se prémunir en pratiquant la piété envers les dieux et en faisant régner justice et bonté entre les hommes. En dépendent la course ininterrompue du Soleil et la crue bienfaisante du Nil.
Le monde religieux des anciens Égyptiens est ainsi fondé sur une conception magique du sacré où les puissances de l’Univers sont symbolisées et incarnées par des éléments de la nature : animaux ou végétaux. Ces divinités primitives, s’humanisent progressivement et sont à l’origine d’un panthéon constitué d’êtres hybrides anthropomorphes.
Elles sont le plus souvent figurées par une tête animale sur un corps humain, masculin ou féminin. Si la tête humaine est conservée, le chef peut être surmonté d’un symbole caractéristique. Enfin, la déité peut arborer un ou plusieurs attributs. Ce panthéon complexe est le fruit des multiples cultes locaux pratiqués dans les provinces (nomes) du royaume. À partir du Nouvel Empire, chaque nome possède son couple divin accompagné de leur enfant, sans oublier ceux des nombreux sanctuaires.
D’un nome à l’autre, des dieux identiques peuvent être connus sous des noms et aspects différents. Ces appellations et figures variées ont donné naissance à des centaines de divinités. Le recours aux cosmogonies et aux mythes permet alors d’ordonner la conception du monde des dieux.
Les cosmogonies
La richesse et la complexité du panthéon égyptien amène les théologiens à opérer des regroupements généalogiques. Les ennéades (du grec enneas, le chiffre « neuf », traduction de l’égyptien pesedjet, qui signifiait le « pluriel des pluriels », la totalité parfaite) relient un groupe de dieux à un dieu créateur (démiurge), exprimant le monde comme une totalité organisée. L’ennéade la plus ancienne, celle d’Héliopolis, dont dérive la « petite ennéade » de Karnak, propose une cosmogonie fondée sur Atoum-Rê, le dieu Soleil.
Démiurge auto-engendré, il crée l’Univers à partir de la pierre sacrée Benben émergeant du chaos, le Noun. Par son souffle et sa semence, il engendre le couple Air-Humidité (Shou et Tefnout) qui enfante à son tour le Ciel Nout et la Terre Geb.
Ces derniers procréent deux nouveaux couples : Osiris et Isis, Seth et Nephtys. Moins ambitieuses, les triades permettent de fusionner des cultes à l’origine disparates livrés dans un même lieu en constituant une famille simple, à l’exemple de la triade thébaine, formée par le père Amon, la mère Mout et leur fils Khonsou.
Les grands cycles mythiques
Le monde des dieux est également organisé par des récits mythiques. Ce sont les grands cycles mettant en scène Rê, Osiris et Horus. Le cycle solaire décrit les démêlés d’un Rê vieillissant confronté à la révolte des hommes. Conseillé par son ennéade, il décide de diriger contre ces derniers son « œil » qui, se transformant tantôt en déesse lionne, tantôt en cobra féminin au souffle incendiaire, massacre les hommes repoussés dans le désert.
Dans sa mansuétude, Rê empêche la destruction totale de l’humanité infidèle, avant de se retirer dans le ciel. Le cycle du roi Osiris, quant à lui, relate son assassinat par son frère Seth, qui[...]
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