ÉGYPTE DES PHARAONS (notions de base)
L’égyptologie
La destruction de la bibliothèque d’Alexandrie et l’abandon de l’écriture hiéroglyphique plonge l’Égypte des pharaons dans l'oubli. Quatorze siècles plus tard, l’égyptologie naissait de la passion suscitée par l’expédition d’Égypte. Le déchiffrement des hiéroglyphes permit d’un seul coup de retrouver les trois mille ans d’histoire de l’antique civilisation.
L’Égypte pharaonique privée de mémoire
Avec les incendies, en 47 av. J.-C., de la grande bibliothèque d’Alexandrie et de son annexe, le Serapeum, disparaît la mémoire écrite de l’Égypte et d’une grande partie de l’Antiquité. En particulier, une monumentale Histoire de l’Égypte rédigée en grec par Manéthon sur l’ordre de Ptolémée Ier. En 391, le monarque chrétien de l’Empire romain d’Orient, Théodose Ier, ordonne la fermeture des temples consacrés à l’antique religion.
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Dispersés, les derniers prêtres ne peuvent plus transmettre l’apprentissage des hiéroglyphes. Au milieu du ve siècle, l’Égypte a complètement perdu son histoire, sa littérature et son écriture. Seuls subsistent ses monuments, abandonnés et livrés au pillage, et sa langue, le copte.
Des bribes de la civilisation égyptienne nous parviennent avec l’Ancien Testament – Joseph réduit en esclavage puis membre de la cour du pharaon, Moïse et la fuite des Hébreux – et avec quelques écrits de voyageurs de l’Antiquité, comme Hérodote qui relate les us et coutumes des Égyptiens du ve siècle av. J.-C., ou Plutarque qui décrit leur religion au Ier siècle dans Isis et Osiris.
Au cours des siècles, les monothéismes chrétien puis musulman ont ainsi recouvert et occulté une civilisation dont l’histoire, remontant au IVe millénaire av. J.-C., est deux fois plus longue que la nôtre.
La fondation de l’égyptologie
La redécouverte de l’Égypte antique est l’heureuse conséquence de l’exploitation scientifique, alliée à l’exaltation de l’aventure, menée par le général Bonaparte au pays des pharaons. L’échec militaire de l’expédition d’Égypte (1798-1801) face à la puissance maritime anglaise se transforme en hymne à la gloire de Napoléon. Du travail d’inventaire des savants et artistes engagés dans l’entreprise naissent une œuvre éditoriale monumentale, la Description de l’Égypte (1809-1822), sa carte (1826) et une mode artistique, l’égyptomanie.
L’encyclopédie de l’Égypte antique et contemporaine est précédée par le succès de l’ouvrage de Dominique Vivant Denon (1747-1825) : Voyage dans la Basse et HauteÉgypte pendant les campagnes du général Bonaparte (1802). Traduit en langues anglaise et allemande, l’ouvrage comprend deux volumes avec une centaine de planches et connaît de nombreuses réimpressions. Par la suite, l’égyptomanie est à la source des grandes collections de Turin, de Londres et de Paris, où la galerie égyptienne du musée Charles- X au Louvre est inaugurée en 1827.
Ces collections procèdent du pillage systématique des antiques organisé par les consuls européens avec l’accord du gouverneur turc Méhémet Ali, en échange de conseils et d’assistance technique pour moderniser le pays.
C’est ainsi qu’est offert à la France l’un des deux obélisques de Louxor. Cet engouement et la constitution de ces collections contribuèrent au déchiffrement des hiéroglyphes par Jean-François Champollion, qui transforma ainsi une curiosité esthétique en une véritable discipline archéologique : l’égyptologie.
Le déchiffrement des hiéroglyphes
La percée du mystère des hiéroglyphes obsède l’Occident depuis la Renaissance, et la première impression en 1505 suivie de beaucoup d’autres jusqu’au xviiie siècle du traité des Hieroglyphica d’Horapollon ouvre une tradition d’interprétation allégorique et ésotérique aussi riche qu’erronée.
C’est Jean-François[...]
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- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
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