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ÉGYPTE L'Égypte arabe

Les préfets du califat

L'Égypte devint un protectorat arabe géré par des préfets dépendant du califat : la substitution de la dynastie omeyyade de Damas (661) au régime électif de Médine, puis l'avènement des Abbassides de Bagdad (749) ne changèrent rien au gouvernement du territoire pendant plus de deux siècles. Virtuellement conquise en 641, en vertu du traité qui suivit la prise de Babylone, l'Égypte eut donc à sa tête de hauts fonctionnaires jusqu'à l'année 868, date de l'arrivée d'Ibn Tulun, d'ailleurs en qualité de préfet. Les conceptions du pouvoir de Médine n'eurent guère le temps de s'affirmer, et la véritable organisation fut l'œuvre des califes de Damas, qui en subirent les réactions locales. Les Abbassides y envoyèrent principalement leurs parents et, enfin, à une date qui semble antérieure à l'année 827, l'Égypte fut affermée à l'héritier présomptif du califat, puis ultérieurement à un grand officier turc, qui lui-même nommait des fondés de pouvoir. Entre-temps, les chrétiens, qui avaient pris le nom de coptes, s'étaient assez mal adaptés au régime colonial arabe, qui n'était à leur encontre qu'une lourde machine fiscale : leur effort pour se soustraire à l'impôt finit par de sanglants combats, lesquels cessèrent définitivement à partir de l'année 830 environ.

En s'établissant en Égypte, les Arabes ont changé peu de choses et ce n'est que lentement, suivant les circonstances, qu'ils firent subir au pays les modifications reconnues nécessaires. Il n'est donc pas surprenant qu'aucune entrave n'ait contrecarré l'essor industriel et commercial. L'Égypte conserva l'importance que sa situation géographique et ses propres productions lui avaient assurée dans l'Antiquité. Les Arabes y trouvèrent une institution, l' annone, par laquelle Byzance recevait annuellement un tribut considérable en blé : l'annone fut désormais dirigée sur Médine, et cette exportation fut à l'origine des prétentions que devait émettre l'Égypte indépendante à un certain droit de regard sur les deux villes saintes de l'Arabie.

D'autre part, loin de provoquer la décadence du tissage, l'une des grandes industries de luxe, la tradition musulmane devait consacrer le renom des tissus égyptiens. L'instauration d'une coutume importante allait faire prospérer l'art textile d'Égypte : les califes lui confièrent la tâche de couvrir de précieuses étoffes le Temple sacré de La Mecque. Cette deuxième raison d'un rapport politique étroit entre l'Arabie et l'Égypte ne devait pas tomber dans l'oubli.

En outre, l'Égypte possédait des artisans habiles, que le califat sut utiliser : c'est ainsi qu'elle fut invitée à fournir au-dehors des forgerons et des charpentiers. Surtout, l'empire islamique avait besoin de spécialistes de constructions navales : ce furent des ouvriers coptes qui contribuèrent à la formation des arsenaux de Tunis et de Saint-Jean-d'Acre. Plus tard, les Arabes purent débarquer, dans les îles de la Méditerranée orientale, notamment en Crète, à Chypre et à Rhodes. L'Égypte a donc contribué à faire de la Méditerranée, le lac byzantin de Justinien, une mer musulmane.

Le califat prit garde de ne pas modifier l'administration d'une contrée pour laquelle des règles précises avaient été établies. Il n'y eut donc pas de transformation brutale de la société et des mœurs. La population restait agricole comme par le passé et ses conditions d'existence n'avaient pas varié. Mais sous ce nouveau régime colonial, les impôts continuaient d'être très lourds et la collecte des taxes était impitoyable.

Le pouvoir central avait une préoccupation très nette : diriger l'Égypte[...]

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Écrit par

  • : membre de l'Institut, professeur honoraire au Collège de France

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Médias

1000 à 1100. Seldjoukides - crédits : Encyclopædia Universalis France

1000 à 1100. Seldjoukides

1200 à 1300. L'Asie des Mongols - crédits : Encyclopædia Universalis France

1200 à 1300. L'Asie des Mongols