ÉGYPTE L'Égypte coloniale
L'accession à l'indépendance
Persistance de l'occupation militaire
Le sultan Fu'ād prend le titre de roi, le 15 mars 1922, afin de marquer le nouvel état d'indépendance légale. Le 19 avril, une Constitution est promulguée, remettant le pouvoir exécutif au roi, chef suprême de l'armée, et à ses dix ministres et le pouvoir législatif au Parlement formé du Sénat et de la Chambre des députés.
Entre les deux guerres mondiales, le développement des ventes de coton favorise la constitution d'une épargne dans un groupe social hétérogène formé de commerçants, de propriétaires terriens et de représentants des professions libérales. En 1920, certains d'entre eux fondent la banque Misr, drainant les capitaux locaux et constituant une nouvelle bourgeoisie de la finance. Leur activité s'étend rapidement, non seulement sous forme de filiales en pays étrangers, mais aussi par la création d'industries légères variées (papier, tissage, cinéma, cigarettes). Ce groupe désormais puissant va peser sur les destinées politiques de l'Égypte jusqu'à l'institution de la république, en luttant pour l'indépendance politique, mais en s'accommodant d'une collaboration économique avec l'étranger.
Cette nouvelle bourgeoisie est représentée par le parti du Wafd, dont le chef prestigieux, Zaghlūl, était devenu Premier ministre dès l'indépendance en 1923. Elle obtiendra, en 1931, l'application d'un régime douanier qui protègera l'industrie nationale.
Le règne du roi Fu'ād sera désormais marqué par sa lutte contre le Wafd qui lui dispute le pouvoir. Le souverain ne laissera le parti diriger le pays qu'à trois reprises, pour une durée totale de moins de deux ans. Par l'intrigue et les faveurs, le roi suscite des scissions dont naîtront de nouveaux partis, et forme une succession de cabinets de coalition anti-wafdistes dont la durée moyenne n'atteint pas un an. Jaloux de son autorité, le roi dissout à plusieurs reprises le Parlement. Il abolit la Constitution en 1930 et applique un régime d'exception jusqu'en 1935. À cette date, il est contraint de rétablir la Constitution sous la pression de l'Angleterre, inquiète de la pénétration italienne en Éthiopie. Après la mort du roi, le 28 avril 1936, le Wafd, auréolé par son opposition à l'arbitraire royal, connaît un triomphe aux élections législatives et forme un cabinet de coalition nationale du 10 mai 1936 au 31 juillet 1937.
C'est durant cette période qu'est signé, le 26 août 1936, le traité réglant, en principe, les quatre « points » réservés dans la déclaration du 21 février 1922. Des accords complémentaires (8 mai 1937) mettent fin au régime préférentiel des capitulations dont jouissaient les étrangers. En fait, l'Égypte a été le dernier territoire à connaître ce régime déjà abrogé en Syrie-Liban, en Irak, en Palestine-Transjordanie depuis 1922, lors de l'instauration des mandats anglais et français, en Turquie, par le traité de Lausanne de 1923, en Perse en 1928. Les attributions des tribunaux consulaires et mixtes seront transmises, après une période transitoire de douze ans, aux tribunaux nationaux. Seul le statut personnel continuera de relever des tribunaux religieux des diverses confessions. L'abolition des capitulations rend l'Égypte maîtresse de sa législation financière.
Rivalité anglo-italienne
Le traité de 1936 permet surtout à l'Angleterre de combattre la campagne antibritannique que mène efficacement, en Égypte, l'Italie de Mussolini dont l'armée vient d'annexer l'Abyssinie. De fait, les concessions faites par Londres restent très limitées : les troupes britanniques sont maintenues en Égypte, encore que cantonnées dans la seule zone du canal de Suez avec liberté d'occuper l'ensemble du territoire en cas de danger[...]
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Écrit par
- Nada TOMICHE : agrégée, docteur ès lettres, professeur des Universités, professeur à l'université de Paris-III-Sorbonne nouvelle
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Médias