- 1. Le nouveau pouvoir et les premiers défis
- 2. De la RAU à la guerre de Six Jours
- 3. Après la guerre de Six Jours
- 4. L'Égypte après Abdel Nasser
- 5. L'Égypte de Hosni Moubarak
- 6. L'Égypte après la révolution du 25 janvier 2011
- 7. L’Égypte d’Abdel Fattah al-Sissi
- 8. Chronologie contemporaine
- 9. Bibliographie
ÉGYPTE L'Égypte républicaine
Nom officiel | République arabe d'Égypte (EG) |
Chef de l'État | Abdel Fattah al-Sissi (depuis le 8 juin 2014) |
Chef du gouvernement | Moustafa Madbouli (depuis le 7 juin 2018) |
Capitale | Le Caire |
Langue officielle | Arabe |
D’une révolution l’autre : 23 juillet 1952, une poignée d’officiers égyptiens renversait la monarchie, mettait fin à la tutelle britannique et faisait de l’Égypte un État souverain et indépendant, dans le concert des nations nouvellement décolonisées. 25 janvier 2011, dans le sillage de la Tunisie, quelques milliers d’Égyptiens manifestaient contre le régime, et précipitaient la chute du président Hosni Moubarak, un militaire en place pendant trente ans, digne protecteur des intérêts d’un système hérité des temps de la lutte pour l’indépendance.
L’Égypte n’aura eu de cesse, pendant près de soixante ans, de constituer, aux yeux des grandes puissances, un territoire géostratégique dont la pérennité et la stabilité du régime sont garantes des intérêts de celles-ci dans la région. À ce titre, le pays a traversé trois conflits armés avec Israël, avant de signer une paix séparée, et d’obtenir ainsi les faveurs indéfectibles des États-Unis. Les bouleversements de la vie politique et de la société égyptiennes se comprennent aussi à l’aune des enjeux géopolitiques que ce pays représente, tout d’abord dans le contexte de guerre froide et des rivalités entre les deux blocs, occidental et soviétique. L’Égypte y est un acteur majeur, tant par sa frontière commune avec Israël et par l’engagement panarabiste, socialiste et tiers-mondiste de Nasser, que par l’adhésion de ses successeurs, Sadate, puis Moubarak, à l’Occident et à l’économie de marché. Ensuite, dans un monde post-1989 en profonde mutation, dominé par les États-Unis, où les interventions militaires au Moyen-Orient se font officiellement au nom de la démocratie et de la lutte contre le terrorisme, et où l’Égypte constitue un pivot de la politique moyen-orientale américaine.
Ce qu’il est convenu d’appeler les « printemps arabes » de 2011 constitue une nouvelle séquence historique au sein de laquelle l’Égypte joue toujours un rôle central, de par son rayonnement historique, culturel et politique. Tout bouleversement structurel y est exemplaire pour les autres pays de la région, mais surtout représente une menace pour les intérêts des uns et des autres, pour le régime lui-même en premier lieu. État le plus peuplé de la région, c’est aussi un pays où les défis économiques à relever et les attentes sociales et politiques sont immenses, où les incapacités du régime à les satisfaire génèrent frustrations et contestations, dont la puissance porte les transformations en cours, et laisse encore penser que si « le peuple veut » – slogan de janvier 2011 –, celui-ci peut encore décider du destin d’une nation.
Le nouveau pouvoir et les premiers défis
La situation de l’Égypte à la fin de la monarchie
Le renversement du roi Farouk, le 23 juillet 1952, est l'œuvre de quelques officiers liés par une fraternité d'armes renforcée d'amitiés personnelles ou parfois de liens familiaux. Ces hommes, entrés dans la carrière militaire au milieu des années trente, ont constitué, surtout après la défaite de leurs armes en Palestine, une organisation secrète au sein même de l'armée, l'Association des officiers libres : celle-ci comprend au moment de la « révolution » un peu moins de trois cent cinquante officiers groupés en cellules plus ou moins cloisonnées, coiffées d'un conseil exécutif composé d'une dizaine de membres. Ces militaires ne peuvent plus en effet supporter la situation de leur pays : celle d'une Égypte engagée imprudemment par la monarchie dans une première confrontation en Palestine, humiliée en outre par l'occupation d'une partie de son territoire – la zone du canal de Suez – par les forces britanniques, bloquée dans son ambition d'unir la vallée du Nil, démoralisée par le comportement d'un monarque corrompu et par les agissements d'une mince couche dirigeante[...]
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Écrit par
- Sandrine GAMBLIN : docteure en science politique (Institut d'Etudes Politiques de Paris), chercheuse, consultante
- Robert SANTUCCI : professeur à l'Institut national des langues et civilisations orientales
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
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