- 1. Le nouveau pouvoir et les premiers défis
- 2. De la RAU à la guerre de Six Jours
- 3. Après la guerre de Six Jours
- 4. L'Égypte après Abdel Nasser
- 5. L'Égypte de Hosni Moubarak
- 6. L'Égypte après la révolution du 25 janvier 2011
- 7. L’Égypte d’Abdel Fattah al-Sissi
- 8. Chronologie contemporaine
- 9. Bibliographie
ÉGYPTE L'Égypte républicaine
Nom officiel | République arabe d'Égypte (EG) |
Chef de l'État | Abdel Fattah al-Sissi (depuis le 8 juin 2014) |
Chef du gouvernement | Moustafa Madbouli (depuis le 7 juin 2018) |
Capitale | Le Caire |
Langue officielle | Arabe |
L'Égypte après la révolution du 25 janvier 2011
Transition politique ou contre-révolution ?
Les élections législatives qui se déroulent de novembre 2011 à janvier 2012 sont historiques à plus d'un titre. Tout d'abord, ce sont les premières élections relativement transparentes organisées après trente ans de règne de Moubarak. Le PND n'existe plus officiellement et ses principaux dirigeants sont en prison ; mais, à l'échelle locale, les hommes de l'ancien régime continuent d'opérer sous de nouvelles étiquettes. Près d'une quarantaine de partis se créent aux lendemains de la révolution. Cette atomisation fragilise toute opposition non islamique, mais révèle néanmoins l'ouverture de l'espace public au pluralisme politique. Les débats dépassent les médias et la classe intellectuelle, et envahissent la rue, les transports en commun, les foyers, les lieux de travail. La participation au premier tour du scrutin législatif atteint près de 60 %.
Ensuite et surtout, ce scrutin est historique au vu de ses résultats : le parti Liberté et Justice des Frères musulmans remporte 235 des 498 sièges (soit 45 % des sièges), tandis que les salafistes, conduits par le parti Al Nour, en obtiennent 125 (25 %). Les mouvements issus de la révolution, ainsi que les courants dits « libéraux » sont les grands perdants de ce scrutin, du fait de manque de temps, de l'absence d'une plate-forme commune, de divergences idéologiques et surtout d'un faible ancrage sur le terrain.
Les Frères musulmans, consacrés première force politique du pays, doivent désormais composer non seulement avec le pouvoir militaire, mais aussi avec les mouvements salafistes, concurrentiels sur le terrain de la morale et de la religion. Ils doivent surtout ménager les craintes des puissances étrangères de voir s'édifier un État islamique, qui pourrait remettre en question les accords de paix avec Israël : aux frontières du pays, avec la bande de Gaza contrôlée par le Hamas et avec Israël, se jouent désormais les relations avec le premier bailleur de fonds du pays et de l'armée, les États-Unis. Ce positionnement sur la scène internationale devient d'autant plus périlleux que l'ascension politique de la confrérie se poursuit avec l'élection inattendue, en juin 2012, du candidat des Frères musulmans, Mohammed Morsi, à la plus haute magistrature du pays.
En effet, le premier tour de l'élection présidentielle, en mai 2012, crée la surprise. Les favoris de l'opposition aux islamistes et à l'armée, Aboul Foutouh (un dissident des Frères musulmans qui prône le dialogue et la tolérance) et Amr Moussa, sont littéralement évincés, alors que Hamdeen Sabbahi (nassérien, laïc, proche des milieux syndicalistes), qui incarne l'État-providence auquel aspirent de nombreux Égyptiens, surtout les plus précaires, arrive en tête au Caire et à Alexandrie. À l'issue du second tour du scrutin présidentiel, Mohammed Morsi s'impose devant Ahmed Chafik, le candidat officiel de l'armée et ancien Premier ministre de Hosni Moubarak. La participation électorale, de seulement 46 % à l'échelle nationale, révèle la lassitude des Égyptiens pour cette transition politique aux allures de contre-révolution.
Entre un changement à la mode islamiste ou le maintien de l'ancien régime, les choix proposés aux Égyptiens lors de la présidentielle de 2012 reflètent surtout les conséquences d'une transition politique violente, gérée par un CSFA avant tout soucieux de préserver ses intérêts, en alliance et mésalliance, au gré des circonstances, avec les mouvements islamistes et, en premier lieu, les Frères musulmans, tandis que ces derniers aspirent avec impatience au pouvoir d'État. Par ailleurs, l'armée laisse la place, par la voie des urnes, à une formation idéologique et politique dont les membres, honnis[...]
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Sandrine GAMBLIN : docteure en science politique (Institut d'Etudes Politiques de Paris), chercheuse, consultante
- Robert SANTUCCI : professeur à l'Institut national des langues et civilisations orientales
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
Classification
Médias