- 1. Le nouveau pouvoir et les premiers défis
- 2. De la RAU à la guerre de Six Jours
- 3. Après la guerre de Six Jours
- 4. L'Égypte après Abdel Nasser
- 5. L'Égypte de Hosni Moubarak
- 6. L'Égypte après la révolution du 25 janvier 2011
- 7. L’Égypte d’Abdel Fattah al-Sissi
- 8. Chronologie contemporaine
- 9. Bibliographie
ÉGYPTE L'Égypte républicaine
Nom officiel | République arabe d'Égypte (EG) |
Chef de l'État | Abdel Fattah al-Sissi (depuis le 8 juin 2014) |
Chef du gouvernement | Moustafa Madbouli (depuis le 7 juin 2018) |
Capitale | Le Caire |
Langue officielle | Arabe |
L’Égypte d’Abdel Fattah al-Sissi
Inconnu du grand public lorsqu’il est nommé, en 2012, ministre de la Défense par le président Mohammed Morsi pour remplacer le maréchal Mohammed Hussein Tantaoui – évincé –, Abdel Fattah al-Sissi a un parcours exemplaire : diplômé de l’Académie militaire (spécialisation infanterie), il incarne la nouvelle génération d’officiers post-guerre froide – il est né en 1954. Contrairement à la génération Moubarak-Tantaoui, issue de l’école soviétique, al-Sissi complète sa formation au Royaume-Uni puis aux États-Unis, où il présente un mémoire, en 2006, sur la démocratie au Moyen-Orient. À la veille de la révolution de 2011, il est à la tête du service des renseignements militaires, avec à sa charge le dossier israélo-palestinien (médiation entre Israël et le Hamas). Originaire d’un quartier populaire du Caire, on le dit très pieux et conservateur. Il ménage les courants salafistes dits « piétistes » et les oulémas d’al-Azhar, tout en menant une répression implacable contre les Frères musulmans et les groupes djihadistes.
Si les revendications de 2011, « Pain, liberté et justice sociale », des gauches révolutionnaires semblent bien loin, c’est pourtant sur la situation économique (le pain) que le gouvernement d’al-Sissi joue une bonne partie de sa pérennisation et de sa popularité, au risque de devoir se confronter de nouveau à la rue égyptienne.
Une économie fragile
Avec une croissance de 3,6 %, l’Égypte était, en 2020, un des rares pays émergents à maintenir de bons résultats économiques face à la pandémie de Covid-19, malgré la chute brutale du tourisme international, premier poste de recettes en devises et gros pourvoyeur d’emplois. Le pays continue d’attirer les investissements étrangers, fort du soutien des bailleurs internationaux, la Chine et l’Arabie Saoudite étant les premiers partenaires économiques du pays (commerce et investissements). L’armée rassure et représente le premier acteur économique du pays. En 2015, la toute nouvelle Military Production Co. for Projects, Engineering Consultancy and General Supplies devient le premier opérateur dans le secteur de la construction, pendant que le ministère de la Production militaire étend ses activités et son contrôle à tous les secteurs productifs du pays.
À quel prix doit-on ces bons chiffres de l’économie égyptienne ? Essentiellement à l’endettement : la dette publique représentait 90 % du PIB en 2021, alors qu’elle était de 30 % en 2014. L’Égypte s’est notamment engagée depuis 2016 auprès du FMI sur un programme de réformes économiques, soutenu par un prêt de 12 milliards de dollars. En 2020, un second prêt de 8 milliards est accordé par le FMI au titre de la crise sanitaire liée à la Covid-19. Mais c’est surtout aux marchés privés que le gouvernement égyptien a recours pour soutenir la monnaie nationale et pour financer sa politique de grands travaux. Certains pourraient la juger démesurée, d’autres la qualifier de moderniste. Le canal de Suez est élargi, et une nouvelle capitale « à la Dubaï » est érigée dans le désert. Des ponts, des autoroutes redessinent la géographie du Grand Caire et d’autres villes du pays. Une nouvelle ligne de chemin de fer est-ouest à grande vitesse doit relier mer Rouge et Méditerranée, quand un vaste plan de rénovation des canaux d’irrigation et de légalisation foncière transforme les campagnes. Le pays est un chantier permanent.
Néanmoins, programme de réformes structurelles et endettement ont des conséquences sociales. La décision prise en 2016, puis au début de l’année 2022, de laisser flotter la livre égyptienne entraîne une dévaluation de plus de 100 % de sa valeur et, partant, une inflation des prix, l’Égypte étant un gros importateur de biens élémentaires. Enfin, la levée progressive des subventions sur les produits et services de base (électricité,[...]
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Écrit par
- Sandrine GAMBLIN : docteure en science politique (Institut d'Etudes Politiques de Paris), chercheuse, consultante
- Robert SANTUCCI : professeur à l'Institut national des langues et civilisations orientales
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
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Médias