EL-BAGAWAT
La nécropole d'El-Bagawat est située à cinq kilomètres au nord d'El-Khargeh, dans la Grande Oasis (Égypte). Son utilisation est certainement antérieure à l'apparition du christianisme. Les datations proposées de l'utilisation chrétienne s'échelonnent entre le milieu du iiie siècle et le ve siècle. Le site s'étend sur une longueur de 500 mètres du nord au sud et sur une largeur de 200 mètres. L'entrée principale, sur le côté sud, donne accès à un vaste champ de 263 chapelles construites en briques crues, dont une trentaine est à l'état de ruine. Dans la partie nord du cimetière s'élevait l'unique église (ve siècle), de plan basilical à trois nefs séparées par des colonnes.
D'après A. Fakhry, il est possible de dégager dix types de chapelles selon des critères architecturaux : 1° simples chapelles carrées ou rectangulaires, dont les toits plats devaient être supportés par des poutres ; 2° chapelles constituées de deux pièces accolées ; 3° chapelles à absides saillantes ou rentrantes servant peut-être lors de cérémonies religieuses ; 4° chapelles carrées surmontées d'une coupole ; 5° chapelles constituées de deux pièces carrées accolées, à coupoles ; 6° chapelles carrées à coupole devant lesquelles ont été ménagées de petites cours ; 7° chapelles carrées à coupole avec une abside à l'est ; 8° grandes chapelles familiales composées de plusieurs chambres sans plan défini ; 9° chapelles circulaires surmontées d'une coupole ; 10° chapelles voûtées en berceau. Les chambres funéraires sont creusées en sous-sol et ont été complètement vidées de leur contenu. Les éléments en bois et en pierre, employés pour les parties fragiles ou portantes, ont très souvent été enlevés, ce qui a entraîné la destruction de nombreuses entrées et l'écroulement de coupoles.
Les chapelles placées le long de la rue principale, orientée sud-nord, présentent leur entrée au sud, face au visiteur ; celles qui bordent les rues perpendiculaires s'ouvrent à l'est et à l'ouest. Les façades sont souvent décorées d'arcades et de niches, parfois de colonnes engagées ; certaines sont même surmontées de la gorge égyptienne. Ces éléments sont moulés ou construits en brique, puis badigeonnés d'un lait de chaux. On remarque constamment de petites niches triangulaires à l'extérieur ou à l'intérieur, de chaque côté de la porte, qui permettaient de déposer de petits autels à encens. Des fentes rectangulaires ou circulaires et tapissées de tubes de poterie laissaient passer la lumière naturelle. Les parois extérieure et intérieure étaient enduites d'une couche de limon, blanchie à la chaux. Plusieurs vestiges démontrent que les façades étaient fréquemment ornées de peintures (personnages, croix ansées).
Plusieurs chapelles sont également peintes à l'intérieur, mais souvent le décor est très endommagé. Néanmoins, deux édifices somptueusement décorés méritent une mention spéciale. La « chapelle de l'Exode » abrite des peintures qui peuvent être attribuées à la première moitié du ive siècle. La coupole est occupée par des rameaux de vigne habités d'oiseaux ; la zone inférieure est tapissée de petites scènes, disposées sur plusieurs registres, relatives à l'Ancien Testament (l'Exode) et à des sujets chrétiens ; les arcades sont couvertes de motifs géométriques et les parties basses d'imitations de mosaïques et de dalles de marbre de différentes couleurs dans le goût alexandrin. La « chapelle de la Paix » (ve-VIe siècle) emprunte son nom à une personnification de la Paix. Les pendentifs sont occupés par des paons ; le centre de la coupole est divisé en cercles décorés de motifs végétaux. L'iconographie principale se déploie autour de ce centre, sur un seul registre,[...]
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Écrit par
- Marie-Hélène RUTSCHOWSCAYA : conservateur au département des Antiquités égyptiennes, musée du Louvre
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