SALVADOR EL
Nom officiel | République du Salvador (SV) |
Chef de l'État et du gouvernement | Nayib Bukele (depuis le 1er juin 2019) |
Capitale | San Salvador |
Langue officielle | Espagnol |
Unité monétaire | Dollar des États-Unis (USD) 2
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Population (estim.) |
6 351 000 (2024) |
Superficie |
21 041 km²
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Le Salvador contemporain
Violences et tentatives réformistes
La victoire de l'opposition unie contre le dictateur Somoza au Nicaragua en juillet 1979 constitue, pour les Salvadoriens, un exemple à suivre. Le Foro popular rassemble à la fois les partis d'opposition déjà unis au sein de l'UNO, des syndicats, des associations. En revanche, les organisations de guérilla demeurent divisées, malgré quelques rapprochements. Le 15 octobre 1979, un groupe d'officiers renverse le président Romero. Les putschistes entendent sortir le pays de la crise politique et sociale par la démocratisation, une ambitieuse politique réformiste et la fin de la répression. Ils sont, dans un premier temps, appuyés par le Foro popular. La junte au pouvoir rassemble une alliance de centre-gauche inédite formée de militaires réformistes et de dirigeants civils de l'opposition. Elle ne durera que quatre mois. Dans un climat de plus en plus violent, le pays se polarise progressivement entre, d'un côté, l'opposition révolutionnaire qui fait le choix de l'insurrection armée et, de l'autre, un gouvernement au sein duquel les secteurs les plus durs de l'armée vont s'imposer.
Les efforts réformistes de la junte sont, en effet, combattus à la fois par l'élite traditionnelle et par les mouvements révolutionnaires. Pour la première, le volontarisme affiché de la junte est une atteinte à ses intérêts, d'autant qu'il est question de mettre en œuvre une réforme agraire. Pour une fraction des élites, il convient de combattre cette expérience par la déstabilisation violente : les escadrons de la mort apparaissent à ce moment-là, et s'attaquent à la fois aux dirigeants politiques et syndicaux des mouvements révolutionnaires et aux proches de la junte au pouvoir. Pour les seconds, en revanche, la junte réformiste ne va pas assez loin dans la rupture ; ils poursuivent donc leurs mobilisations, et leur lutte insurrectionnelle.
Au sein de la junte, les officiers favorables à la répression s'imposent sur les plus modérés, provoquant la démission des dirigeants civils. En janvier 1980, une deuxième alliance inédite se noue entre, cette fois-ci, l'armée et la démocratie chrétienne. Elle affiche sa volonté de mettre en œuvre à la fois des politiques réformistes et une répression contre toute opposition révolutionnaire. Cette junte gouvernera jusqu'en mars 1982. Elle entreprend une réforme agraire ainsi que des nationalisations dans les secteurs de la banque et du commerce extérieur. La réforme agraire est lancée en mars 1980, et concerne environ 20 p. 100 des terres cultivables. Mais elle se réalise sous le contrôle de l'armée, alors que l'état de siège est proclamé, et avec un accompagnement technique déficient. Plus qu'un véritable instrument de redistribution des terres, elle est conçue comme une stratégie anti-insurrectionnelle susceptible d'affaiblir l'influence des groupes révolutionnaires dans les campagnes.
La continuité dans la répression et la violence renforce la polarisation au sein même de la junte : les secteurs les plus progressistes de la démocratie chrétienne sont la cible d'attentats et quittent le parti et le gouvernement. La dispersion violente par les forces de l'ordre d'une manifestation très importante à San Salvador à la fin de janvier 1980 fait une cinquantaine de morts. L'assassinat de Mgr Romero, le 24 mars 1980, lors d'une messe, apparaît comme le paroxysme de la violence des escadrons de la mort. Au cours de son enterrement, l'intervention de la police fait plusieurs victimes. En juin et en août, des grèves massives ont lieu contre la répression. Le campus de l'université publique, l'Universidad de El Salvador, est investi par l'armée qui y restera jusqu'en 1986. En décembre 1980, alors que José Napoleón Duarte devient le principal[...]
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Écrit par
- Noëlle DEMYK : professeur de géographie à l'université de Paris-VII-Denis-Diderot
- David GARIBAY : maître de conférences en science politique à l'université de Lyon-II-Lumière
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
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Médias
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