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TAMUÍN EL

Les Huaxtèques, qui constituent le rameau septentrional de la famille maya, n'ont pas participé à l'essor intellectuel et artistique des peuples du Yucatán, du Chiapas et du Petén. Isolés dans les États actuels de Veracruz, San Luis Potosí et Tamaulipas, ils ont conservé leur culture relativement archaïque, non sans subir à diverses époques l'influence des civilisations du plateau central.

El Tamuín (État de San Luis Potosí) est le plus connu des centres cérémoniels huaxtèques ; il est situé près du rio Tamuín, dans une zone encore peu prospectée. Des vestiges, qui couvrent 17 hectares, on a surtout étudié la « plate-forme sud » (900-1500 apr. J.-C.) et les monuments voisins. L'architecture huaxtèque comporte essentiellement des structures en terre, de forme souvent circulaire, revêtues de pierres non taillées, ainsi que des plates-formes en terrassement, reliées par des escaliers et des avenues pavées. Ces monuments s'apparentent aux « pyramides » de La Venta et de Cuicuilco, ainsi qu'aux Yácatas du Michoacán. Il s'agit là d'une architecture rudimentaire mais surtout mal connue car elle est construite dans des matériaux fragiles (terre battue, stuc, etc.)

L'apogée d'El Tamuín semble se situer vers 900 après J.-C., au début du postclassique. Une nette influence toltèque se manifeste notamment dans les fresques (les seules d'origine huaxtèque connues jusqu'à présent) qui décorent un autel tronconique revêtu de stuc. Exécutées en rouge sur fond blanc et formant une frise de 4,60 m de longueur, ces peintures représentent une procession de personnages portant d'immenses panaches de plumes et tenant dans leurs mains des sceptres ou bâtons cérémoniels. Aussi bien le thème de la procession que le style même de la frise évoquent l'art de Tula, mais certains détails (par exemple, le couvre-chef pointu d'un des personnages que l'on retrouve dans des sculptures) sont typiquement huaxtèques.

C'est également d'El Tamuín que provient la belle statue d'un adolescent, le Jeune Homme du Tamuín : elle représente un jeune homme debout, nu, au corps en partie tatoué, au visage serein, aux larges oreilles perforées qui devaient porter des ornements en pierres semi-précieuses. Il tient sur son dos un enfant mort. Peut-être s'agit-il de Quetzalcóatl, le Soleil rayonnant portant le soleil nocturne, mort (Museo nacional de antropologia, Mexico).

— Jacques SOUSTELLE

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Écrit par

  • : de l'Académie française, professeur à l'École des hautes études en sciences sociales, Paris

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