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ÉLASTICITÉ

Article modifié le

Tenseur des déformations

Déformation d'un solide élastique

Transformation par déformation - crédits : Encyclopædia Universalis France

Transformation par déformation

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Un solide (S) subissant une déformation se transforme en un solide (S′) et un vecteur infiniment petit AB du solide (S) se retrouve en A′B′ après la transformation. La quantité scalaire ε = (A′B′ − AB)/AB est la dilatation ou extension unitaire du segment AB ; si ε est positif, on dit qu'il y a eu traction de AB ; s'il est négatif, il y a eu compression. Si les fonctions ui (i = 1, 2, 3) sont les composantes du déplacement AA′ du point A de coordonnées xi, et si l'on appelle Xi les coordonnées de A′, on a Xi − xi = ui (x1, x2, x3). Les déplacements correspondants Ui du point voisin B (composantes de BB′) sont représentées par les trois équations Ui = ui + ui,jdxj et, après déformation, les composantes de A′B′ sont dxi + ui,j dxj. Le tenseur du second ordre faisant passer de AB à A′B′, abstraction faite du déplacement AA′, est appelé tenseur des déformations en A et est noté {D}. Dans le repère (Ox1x2x3), ce tenseur est défini par ses neuf composantes ui,j qui sont les éléments de la matrice (ui,j) écrite en (8) du tableau, les indices i et j désignant respectivement les numéros des lignes et des colonnes. Pour faire apparaître la déformation abstraction faite de la translation AA′, il suffit de mener A′1B′1 équipollent à A′B′ par le point A. Sur AB et A′1B′1, portons respectivement les points N1 et N2 tels que AN1 = AN2  = 1. Le vecteur N1N2 est appelé vecteur déplacement angulaire ou plus simplement déplacement angulaire. Il a même mesure que l'angle (AN1AN2) exprimé en radians.

Déformations : équations - crédits : Encyclopædia Universalis France

Déformations : équations

Déplacement angulaire - crédits : Encyclopædia Universalis France

Déplacement angulaire

Déformation par glissement - crédits : Encyclopædia Universalis France

Déformation par glissement

Considérons la facette (P) et un plan (Q) parallèle à (P) et infiniment voisin de (P) ; soit R l'intersection avec Q de la normale à la facette en A.

Glissement d'une facette - crédits : Encyclopædia Universalis France

Glissement d'une facette

Au cours de la déformation, ce plan (Q) glisse par rapport au plan (P), de sorte que la ligne de points matériels AR cesse d'être normale à la facette. Soit alors A′n la normale à la facette déformée (P′) ; le glissement de (Q) par rapport à (P) est mesuré par l'angle infiniment petit γ de A′n et A′R′. Mais l'angle γ ne précise pas la direction dans laquelle s'est produit le glissement de (Q) par rapport à (P). Il suffit alors de porter sur A′n et A′R′ les points n2 et n1 tels que A′n2 = A′n1 = 1. Le vecteur n2n1 a même mesure que l'angle γ exprimé en radians et pour direction celle du glissement de (Q) par rapport à (P). Ce vecteur n2n1 est, par définition, le glissement de la facette considérée. Il faut remarquer qu'il n'est pas modifié par un déplacement d'ensemble. Comme la dilatation et contrairement au déplacement angulaire, le glissement a toujours la même valeur, que la déformation soit pure ou non.

Déformation pure et rotation pure

Le tenseur {D} peut se mettre facilement sous la forme d'une somme de deux tenseurs {F} et {R}, les matrices correspondantes étant respectivement (εij) et (ωij),

Déformation et rotation pures - crédits : Encyclopædia Universalis France

Déformation et rotation pures

Le tenseur {F} correspond à une déformation pure sans rotation, et le tenseur {R} à une rotation pure sans déformation, comme cela se produit dans le cas particulier d'un corps solide indéformable. Le tenseur {F} est symétrique, {R} est antisymétrique. Mais, si on considère seulement les déformations continues infiniment petites (d'un grand intérêt pratique), on arrive, en négligeant les infiniment petits du second ordre dans les expressions des εij et ωij, à :

expressions qui sont explicitées en (9) et (10).

Dans certains ouvrages, les termes ε23 = ε32, ε13 = ε31, ε12 = ε21 sont quelquefois notés g1, g2, g3 ou encore γ1/2, γ2/2, γ3/2 où les γi sont les glissements définis plus haut. De même ω23 = − ω32, ω13 = − ω31 et ω12 = − ω21 sont notés p, q et r par analogie avec les notations classiques des composantes de la rotation instantanée d'un corps solide.

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Les six paramètres εij caractérisent la déformation pure ou intrinsèque, c'est-à-dire considérée en elle-même, abstraction faite du déplacement (ou translation) AA′ et de la rotation. Cette déformation intrinsèque est caractérisée par les variations des distances mutuelles des points de l'élément de volume considéré du corps, autrement dit par les dilatations des divers segments infiniment petits de l'élément de volume. Si ces six paramètres sont tous nuls en un point, il n'y a pas de déformation pure dans la petite portion de volume entourant ce point et réciproquement.

La somme θ = ε11 + ε22 + ε33 est un invariant, quel que soit le système d'axes considéré, et elle est appelée dilatation cubique unitaire (par unité de volume) due à la déformation en un point. Cette invariance est une propriété mathématique classique ; la trace de la matrice (εij) ne dépend pas de la base.

Étude du tenseur {F} en un point

En menant, comme on l'a fait pour le tenseur des contraintes, dans la direction de chaque élément linéaire du solide dont le vecteur unitaire est u, un rayon vecteur AP = ρ u, où ρ = r/√εu|, où εu = uiεijuj, on trouve que l'ensemble des points réels P, lorsque u tourne autour de A, est une surface d'équation εijxixj = ± r2 explicitée en (11). Elle est appelée quadrique des déformations en A. Les axes de cette quadrique sont les axes principaux de déformation en A et les trois plans correspondants, les plans principaux de déformation en A. Dans ce système d'axes, la matrice associée à {F} est diagonale ; les déformations transversales εij (i  j) sont nulles pour ces directions, et les allongements ε11, ε22, ε33, notés dans ce cas ε1, ε2, ε3, sont appelés allongements principaux en A. Les axes principaux de déformation demeurent perpendiculaires après déformation, et un parallélépipède, dont les faces sont parallèles aux plans principaux, reste, après déformation, un parallélépipède rectangle.

La connaissance de la quadrique des déformations permet de trouver géométriquement le module de l'allongement unitaire dans n'importe quelle direction.

Déformation homogène, déformation plane

La déformation est dite homogène si les fonctions ui et Ui précédentes sont linéaires en xk. Tous les termes du tenseur {D} sont alors des constantes. Quelle que soit la direction, la déformation est, dans ce cas, la même pour tous les points du corps déformé.

On dit que la déformation d'un corps est plane lorsqu'en tous les points de chaque perpendiculaire à un plan fixe (P) les déformations sont identiques et toutes parallèles à (P).

Conditions de compatibilité

Étant donné un solide déformé, les six paramètres εij sont des fonctions continues des coordonnées xk des points du corps. Ces fonctions ne peuvent être entièrement arbitraires ; il est, en effet, nécessaire que l'on puisse trouver des fonctions ui (indépendantes des translations et des rotations subies antérieurement par le corps), telles que les εij satisfassent aux définitions (9). En dérivant deux fois ces égalités par rapport à x1, x2, x3 et en éliminant u1, u2, u3, on trouve six relations dites conditions nécessaires de compatibilité. Elles sont écrites en (12). On montre que ces six conditions sont également suffisantes pour les corps simplement connexes, alors que, pour les corps multiplement connexes, on doit ajouter des conditions exprimant qu'il n'y a pas déplacement relatif, au cours de la déformation, des deux lèvres d'une coupure quelconque rendant le corps simplement connexe.

Comme on vient de le voir, un élément quelconque d'un corps peut être amené à sa position, sa forme et son orientation finales par la séquence des trois opérations suivantes appliquées à l'élément avant déformation :

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– l'élément est déplacé par translation jusqu'à ce qu'un de ses points (son centre de gravité par exemple) occupe la position finale ;

– l'élément subit les déformations εij et son orientation reste telle que les directions principales de déformation ne subissent aucune rotation (tenseur {F}) ;

– l'élément subit une rotation ωij qui l'amène à son orientation finale (tenseur {R}) ; c'est la rotation des directions principales de déformation qui est indépendante du choix des axes Ox1, Ox2, Ox3.

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