ÉLECTRO-ACOUSTIQUE
En acoustique comme en tant d'autres domaines, l'électricité a accompli une révolution : véhicule de l'information aux propriétés remarquables, elle a permis de résoudre des problèmes restés sans solution depuis des millénaires et a ainsi donné naissance à l'électro-acoustique. N'importe quel son peut aisément être transformé en signal électrique, et ce signal peut être transmis aussi loin qu'on le désire. Mais il peut aussi être enregistré, transformé, analysé, étudié, reconstitué, et ces manipulations offrent des possibilités tellement vastes et tellement nouvelles qu'il n'est plus aujourd'hui une seule branche de l'acoustique qui n'utilise, comme moyen d'action fondamental, l'électro-acoustique : enregistrement et diffusion universels de la voix humaine et de la musique, étude des lois de l'acoustique physique et de celles de l'acoustique psychophysiologique, rééducation des sourds et des muets, prothèse auditive, étude des cris d'animaux et nouveaux moyens d'action en agronomie, étude des bruits nocifs pour l'homme afin de s'en protéger, amélioration des salles de concert ou de conférence et aussi, plus généralement, de tous locaux publics, étude des instruments de musique traditionnels, création d'instruments de musique nouveaux, mais également de formes de musique totalement nouvelles, etc.
Partout, on retrouve à la base de l'opération deux « outils » qui permettent d'opérer, l'un, la transformation, la traduction d'un signal acoustique en signal électrique : c'est le microphone ; l'autre, la traduction inverse : c'est le haut-parleur ou l'écouteur ; d'où le néologisme de « transducteurs électro-acoustiques » inventé pour désigner ces deux types d'appareils fondamentaux et tous les appareils plus particuliers qui leur sont apparentés.
L'électro-acoustique est la science de ces traductions ; elle est du ressort à la fois de l'électricité – ou plutôt de l' électronique – avec ses lois pour la plupart très précises et bien connues et de l'acoustique, où les phénomènes physiques, essentiellement mécaniques, obéissent à des lois déjà fort complexes et sont perçus par l'oreille, dont on sait la complexité physiologique, pour être finalement appréciés par le cerveau, « appareil » dont les mécanismes nous échappent encore presque totalement. L'électro-acoustique, si elle tire de l'aspect « électrique » une certaine rigueur de véritable science physique, reste encore largement tributaire d'un certain empirisme, conséquence de la trop grande complexité des phénomènes mécaniques mis en jeu, mais plus encore des incertitudes inhérentes au fonctionnement de l'appareil de mesure final, l'oreille.
Enfin, l'électro-acoustique est naturellement dominée par le problème de la fidélité : lorsque l'on a un message à transmettre, il importe en principe de ne pas l'altérer. L'électro-acoustique a atteint son but lorsqu'elle a permis la restitution parfaitement fidèle d'un message sonore, après que celui-ci ait été tout d'abord enregistré et transmis sous forme de signal électrique. C'est cette préoccupation essentielle qui a fait naître dans le domaine du grand public le vocable maintenant commun de « haute fidélité », réservé d'ailleurs en général à la transmission de messages sonores musicaux ou, du moins, à caractère esthétique.
Haute fidélité
Donner au mélomane qui écoute chez lui de la musique enregistrée ou radio-diffusée la même « sensation » sonore que s'il se trouvait au concert est, en réalité, un pari fort difficile à tenir pour un très grand nombre de raisons, parmi lesquelles on peut distinguer, d'une part, des problèmes purement techniques et, d'autre[...]
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Écrit par
- Éric de LAMARE : ingénieur en chef à télédiffusion de France, chef du département Image et son à l'Ecole nationale supérieure des télécommunications
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