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ÉLÉMENTS D'ÉCONOMIE POLITIQUE PURE, Léon Walras Fiche de lecture

Ouvrage fondateur avec ceux de Stanley Jevons (1871) et de Carl Menger (1871) de la révolution marginaliste en économie, les Éléments d'économie politique pure se distinguent par l'ambition de représenter les faits économiques comme un ensemble de relations interdépendantes. Léon Walras (1834-1910) est, pour cette raison, le père de la théorie de l'équilibre général, d'abord assimilée à l'école de Lausanne, où il a tenu la chaire d'économie politique de 1870 à 1892. Remaniés à plusieurs reprises entre 1874 et 1902, les Éléments font l'objet de cinq éditions dont une posthume en 1926. L'impact de l'ouvrage est d'abord limité aux économistes mathématiciens, particulièrement hors de France, jusqu'à ce que la théorie de l'équilibre général connaisse un regain d'intérêt à partir du milieu des années 1930. La renommée des Éléments est couronnée en 1954 par une traduction en anglais.

Naissance de la théorie de l'équilibre général

Walras commence par définir l'économie politique pure (section 1). C'est la théorie de la valeur d'échange des choses rares, c'est-à-dire „utiles et limitées en quantité“. La méthode adaptée est la „méthode rationnelle“. Elle consiste à construire, par abstraction, des types idéaux (consommateurs, producteurs, marché) et à établir entre eux des relations théoriques „pour ne revenir à la réalité que la science une fois faite“. La section 2, consacrée à la théorie de l'échange de deux marchandises, pose les concepts et principes de raisonnement fondamentaux de tout l'ouvrage. La valeur d'échange se produit naturellement sur le marché sous l'action de la concurrence, c'est-à-dire de l'offre au rabais et de la demande à l'enchère. L'équilibre de l'échange est réalisé lorsque l'offre totale est égale à la demande totale sur chaque marché. Il vérifie, pour chaque échangeur, que le rapport des utilités marginales (utilités procurées par la dernière unité consommée de chaque bien) des marchandises prises deux à deux est égal au rapport des prix de ces marchandises. Pour généraliser son analyse à plusieurs marchandises (section 3), Walras introduit un numéraire (une marchandise qui sert d'unité de compte) et une procédure centralisée de révision des prix, appelée „tâtonnement“, qui étend à tous les marchés simultanément la loi de l'offre et de la demande. Dans la section 4, Walras tient compte du fait que les marchandises sont des produits résultant de l'association d'éléments producteurs (terre, hommes, capitaux). Aux conditions d'équilibre de l'échange viennent donc s'ajouter des conditions d'équilibre de la production : „l'égalité du prix de vente des produits à leur prix de revient, les entrepreneurs ne faisant ni bénéfice ni perte“. En effet, les différents services producteurs étant rémunérés normalement aux prix de marché, tout profit supplémentaire attire une production plus importante qui se poursuit jusqu'à l'annulation des profits. L'introduction du capital dans le modèle (section 5) permet de prendre en compte le temps : les stocks de capitaux résultent de flux d'épargne antérieurs, qui dépendent eux-mêmes des anticipations passées des agents. L'introduction du temps entraîne des irréversibilités : l'équilibre des stocks peut ne pas être vérifié et les anticipations sont généralement déçues. La section 6 parachève l'architecture d'ensemble des Éléments en introduisant la monnaie, identifiée à un service d'approvisionnement qui doit permettre la réalisation des transactions à l'équilibre général.

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Écrit par

  • : maître de conférences en sciences économiques à l'université de Paris-I-Panthéon-Sorbonne

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