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LOTAR ELI (1905-1969)

En présentant une centaine d’épreuves originales et de publications d’époque, l’exposition du Jeu de Paume (14 février-28 mai 2017) rend justice à Eli Lotar, un photographe parfois réduit à sa participation aux courants artistiques de l’avant-garde. Au contraire, on lui doit une production originale, partagée entre la photographie et le film documentaire.

Avec Germaine Krull

Eliazar Lotar Teodorescu, né le 30 janvier 1905 à Paris, est le fils du journaliste et poète Tudor Arghezi et du professeur d’histoire naturelle Constanta Zissu. Confié par ses parents roumains à sa grand-mère paternelle, l’enfant grandit à Bucarest et suit ses classes secondaires au lycée Saint-Sava. Bachelier scientifique en juin 1924, le jeune homme entreprend des études de droit qu’il abandonne la même année pour se rendre à Paris, avec des rêves de cinématographie. Dès le premier semestre de 1926, il alterne sur la Côte d’Azur des rôles de figurant avec des petits métiers dans le bâtiment ou l’hôtellerie. Sa rencontre à Paris avec la jeune photographe allemande Germaine Krull se prolonge en une liaison amoureuse, un apprentissage et une collaboration professionnelle. Eliazar Teodorescu obtient la nationalité française, simplifie son nom en Eli Lotar et photographie Paris dans le sillage des partis pris esthétiques venus de la Nouvelle Objectivité allemande, du constructivisme russe et de la Nouvelle Vision française. Le cinéma, qui reste au cœur de ses projets, l’accueille comme photographe de plateau sur les tournages de Nikolaï Malikoff, d’Henri Desfontaines et de Marcel L’Herbier.

Eli Lotar va trouver dans la photographie un moyen d’expression autonome remarqué par ses pairs et qui lui vaut en 1928 sa première parution dans le magazine VU, un début de visibilité internationale en 1929 à l’exposition Film undFoto de Stuttgart, un commentaire critique de Jean Gallotti dans les pages de LArt vivant et la publication, la même année, de ses photographies des abattoirs de la Villette dans le numéro 6 de la revue Documents dirigée par Georges Bataille. Ce reportage, qui n’occulte rien des aspects morbides de l’éviscération et de l’équarrissage, séduit les surréalistes, sans toutefois entraîner l’intégration du photographe au groupe d’André Breton. Eli Lotar aborde enfin la prise de vue cinématographique avec Joris Ivens qui l’engage comme opérateur sur son film Zuiderzeewerken (1930), et avec Jean Painlevé qu’il assiste dans la réalisation de ses documentaires. Lotar n’en poursuit pas moins sa production photographique. Il cerne en esthète la modernité, le nouvel espace urbain, les architectures métalliques, les infrastructures de l’électricité, et s’investit dans le reportage social et politique. Grâce à ses publications régulières dans LArt vivant, VU, Bifur ou Close Up, ses images confortent sa reconnaissance dans la sphère de la photographie d’art et d’auteur. Cette même année 1930, on le retrouve comme photographe de plateau ou comme assistant sur les tournages de La Joie dune heure d’André Cerf et de A Severa du Portugais Leitão de Barros. L’exposition accorde une place particulière aux photographies prises en Grèce en 1931 à la faveur du tournage de Voyage aux Cyclades avec Jacques-Bernard Brunius et Roger Vitrac. Lotar est également l’opérateur du court-métrage Prix et Profits d’Yves Allégret et assiste Marc Allégret en 1932 sur le tournage de Fanny, avant de signer les images de L’Affaire est dans le sac de Pierre Prévert.

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