LOTAR ELI (1905-1969)
L’engagement politique
L’actualité politique européenne le rapproche de la gauche intellectuelle et suscite son adhésion à l’AEAR, l’Association des écrivains et artistes révolutionnaires, dont il devient en 1935 secrétaire général de la section photographique. Il rencontre alors Elisabeth Makovska qu’il épousera en 1938. Tout en mettant ses talents de photographe au service de la lutte ouvrière, de l’opposition au colonialisme et aux régimes totalitaires naissants, Eli Lotar poursuit sa carrière cinématographique : photographe de plateau sur Partie de campagne de Jean Renoir en 1936, il est également directeur de la photographie sur Vous n’avez rien à déclarer ? de Léo Joannon et, l’année suivante, sur deux films du réalisateur belge Henri Storck, ainsi que sur Records 37 de Jacques-Bernard Brunius et Robert Desnos. En 1941, après une courte mobilisation dans l’armée française, Lotar renouvelle à Cannes l’expérience du portrait de studio, qu’il délaisse le temps de quelques tournages (Les Deux Timides, réalisé par Yves Allégret sous le pseudonyme d’Yves Champlain, L’Âme de l’Auvergne de Fred Orain et Lucien Vittet). Avec la projection intégrale du court-métrage Aubervilliers réalisé en 1945, l’exposition du Jeu de Paume souligne l’accomplissement de l’ambition de cinéaste d’Eli Lotar. Nominé au premier festival de Cannes, en 1946, le film mêle avec justesse la description de la misère des banlieues de l’immédiat après-guerre à la poésie de l’enfance et du quotidien ; il vaudra au réalisateur de remporter en 1949 le grand prix du film poétique du festival de Knokke-le-Zoute. Bois d’Afrique, tourné en 1951, marque la fin de la production cinématographique de Lotar, qui revient à la photographie à la faveur de l’amitié partagée avec le sculpteur Alberto Giacometti (dont il sera le dernier modèle), et par un livre publié aux éditions Skira. Elie Lotar meurt le 10 mai 1969 à Paris.
Une première exposition posthume, réalisée à partir du don de son fonds d’atelier au cabinet de photographie du Musée national d’art moderne, s’est tenue à l’hiver 1993-1994 au Centre Georges-Pompidou, puis au Kunst- und Ausstellungshalle de Bonn.
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Écrit par
- Hervé LE GOFF : professeur d'histoire de la photographie, critique
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