WOLLMAN ÉLIE (1917-2008)
Le Français Élie Wollman, qui a mené toute sa carrière à l'Institut Pasteur, peut être considéré comme l'un des pionniers de la génétique microbienne moderne et, par voie de conséquence, de la biologie moléculaire puis des biotechnologies. Il était aussi devenu la référence pour tout ce qui concernait l'histoire de l'Institut Pasteur.
Élie Wollman est né le 4 juillet 1917 à Paris dans une famille de scientifiques. Ses parents, Eugène et Elisabeth Wollman, tous deux microbiologistes, seront déportés en avril 1943 et mourront à Auschwitz.
En 1945, après avoir obtenu son doctorat en médecine, Élie Wollman rejoint le laboratoire d'André Lwoff à l'Institut Pasteur. Il a déjà un fort attachement sentimental pour cette institution privée : c'est là qu'avaient travaillé ses parents et que son père avait été arrêté ; son parrain, Élie Metchnikoff (Prix Nobel de physiologie ou médecine 1908), savant russe considéré aujourd'hui comme le fondateur de l'immunologie cellulaire, avait été recruté par Louis Pasteur. De 1948 à 1950, Wollman effectue un stage au California Institute of Technology, dans le laboratoire de Max Delbrück, puis, en 1958-1959, à l'université de Californie à Berkeley, chez Gunther Stent.
Ses premières recherches portent sur les bactériophages, virus des bactéries. Certains d'entre eux, dits tempérés, ne tuent qu'une fraction des bactéries qu'ils infectent. Comme l'avait montré André Lwoff, les bactéries survivantes, dites lysogènes, produisent des bactériophages, soit spontanément, soit, de façon plus efficace, après avoir subi un traitement physique ou chimique. Chez ces bactéries lysogènes, le virus se maintient donc dans un état dormant : il est alors qualifié de prophage.
En faisant appel à la recombinaison génétique chez les bactéries, découverte en 1946 par Joshua Lederberg, Élie Wollman et François Jacob montrent que le prophage se comporte comme un marqueur génétique : tout se passe comme si le chromosome du virus était intégré en un endroit précis du chromosome bactérien. Cette intégration d'un génome viral dans le chromosome de cellules se révélera être un phénomène très répandu, par exemple chez les rétrovirus comme le virus de l'immunodéficience humaine (VIH) responsable du sida.
Lors de croisements entre bactéries, l'une se comporte comme une bactérie mâle (donneur de matériel génétique) et l'autre comme une bactérie femelle. Assez curieusement, dans les croisements entre bactéries lysogènes et non lysogènes, on n'obtient des recombinants (bactéries possédant des caractères génétiques des deux parents) portant le prophage que lorsque celui-ci est présent chez la bactérie femelle. L' hypothèse alors émise par Élie Wollman et François Jacob est que le maintien du prophage à l'état dormant est dû à la présence, au sein du cytoplasme de la bactérie, d'un élément capable d'empêcher le développement du prophage – élément dit répresseur – et codé par celui-ci. Ainsi, l'introduction du prophage d'une bactérie mâle dans le cytoplasme d'une bactérie dépourvue de cet élément répresseur conduit à l'induction immédiate du prophage (multiplication du virus) et donc à la destruction de cette bactérie. Cette observation, selon laquelle un élément répresseur peut empêcher la synthèse des protéines virales codées par le prophage, a constitué l'un des arguments à la base de la théorie présentée en 1961 par François Jacob et Jacques Monod sur les mécanismes de régulation de la synthèse des protéines (prix Nobel de physiologie ou médecine en 1965, avec André Lwoff).
La recombinaison génétique observée à basse fréquence par Joshua Lederberg résulte de la présence, dans le cytoplasme des bactéries mâles, d'un facteur[...]
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Écrit par
- Maxime SCHWARTZ : directeur général honoraire de l'Institut Pasteur
Classification
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Lauréat du prix Nobel de physiologie ou médecine en 1965, le Français François Jacob fut une figure majeure de la génétique et de la biologie moléculaire.
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