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GRÜMMER ELISABETH (1911-1986)

Considérée comme l'une des plus grandes sopranos allemandes du milieu du xxe siècle, Elisabeth Grümmer ne jouissait peut-être pas auprès des médias du même engouement qu'Elisabeth Schwarzkopf, dont le répertoire correspondait exactement au sien, mais elle faisait l'unanimité parmi les amateurs d'art lyrique et de mélodie.

Elle naît le 31 mars 1911 à Niederjetz (aujourd'hui Basse-Yutz), en Lorraine, alors allemande, sa famille s'installe en 1919 à Meiningen, où elle suit des cours dans une école de théâtre. Elle épouse Detlev Grümmer, le violon solo de l'orchestre de l'Opéra d'Aix-la-Chapelle, dont le directeur musical est alors Herbert von Karajan. Ce dernier l'encourage à travailler sa voix et ce n'est que relativement tard qu'elle aborde le chant, faisant ses débuts en 1940 dans Parsifal (l'une des filles-fleurs). Elle y chante ensuite Octavian (Le Chevalier à la rose) et est engagée, l'année suivante, à l'Opéra de Duisbourg. À la mort de son mari dans un bombardement en 1944, elle doit travailler comme employée des postes jusqu'à la fin de la guerre avant de pouvoir commencer véritablement sa carrière. Dès 1946, elle est engagée à la Städtische Oper de Berlin, établissement auquel elle restera attachée jusqu'en 1971, participant notamment à la création en Allemagne de Peter Grimes de Britten. Sa notoriété s'étend et elle est rapidement invitée à la Scala de Milan, au Covent Garden de Londres (où elle chante Eva dans Les Maîtres chanteurs de Nuremberg sous la direction de sir Thomas Beecham en 1951), à Bruxelles, à Vienne (1953), Munich, Hambourg, Paris, Buenos Aires (Teatro Colón) et New York (Metropolitan Opera et New York City Opera). Entre 1953 et 1962, elle se produit régulièrement au festival de Salzbourg, où elle incarne notamment Donna Anna dans la version historique (filmée) de Don Giovanni sous la direction de Wilhelm Furtwängler en 1953 (avec Cesare Siepi, Otto Edelmann, Elisabeth Schwarzkopf, Erna Berger, Anton Dermota et Walter Berry) et Agathe dans Le Freischütz de Weber, l'année suivante, avec le même chef, puis Pamina dans La Flûte enchantée en 1955 et 1956. Elle est invitée régulièrement au festival de Glyndebourne (la comtesse dans Les Noces de Figaro et Ilia dans Idoménée) et, de 1957 à 1961, à Bayreuth, où elle chante Eva, Elsa (Lohengrin), Freia et Gutrune (la Tétralogie). En 1953, elle participe au légendaire enregistrement de la Tétralogie sous la direction de Furtwängler à la R.A.I. de Rome.

Elle se consacre également à l'oratorio, notamment la Passion selon saint Matthieu de J.-S. Bach, qu'elle chante régulièrement avec Furtwängler et, à partir de 1958, au lied, en compagnie de Gerald Moore. Entre 1959 et 1976, elle enseigne à la Hochschule für Musik de Berlin-Ouest et à Hambourg. Invitée par Bernard Lefort, elle sera ensuite professeur à l'école de chant de l'Opéra de Paris (1978-1980). Elle meurt à Berlin le 6 novembre 1986.

Incomparable mozartienne, Elisabeth Grümmer a marqué les rôles de la comtesse, de Donna Anna et de Pamina par la perfection de son style et un sens inné de la nuance et du phrasé. Elle s'est imposée comme l'une des grandes Agathe de l'histoire et a su choisir dans les œuvres de Verdi, de Wagner ou de Richard Strauss les rôles qui permettaient à sa voix de conserver toute sa souplesse et la richesse de son timbre (Desdémone dans Otello, Elsa dans Lohengrin, Elisabeth dans Tannhäuser, Octavian puis la maréchale du Chevalier à la rose).

— Alain PÂRIS

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Écrit par

  • : chef d'orchestre, musicologue, producteur à Radio-France

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