ÉLISABETH II (1926-2022) reine du Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande du Nord (1952-2022)
Les années 1980 et 1990 : deux décennies difficiles
Les difficultés se manifestèrent sur le plan politique et sur le plan personnel, les deux parfois se rejoignant. Sur le plan politique, Élisabeth II avait toujours respecté les principes de la monarchie constitutionnelle, en s’abstenant de toute intervention à caractère politique, mais ses relations avec Margaret Thatcher, Premier ministre de 1979 à 1990, ne furent jamais très cordiales, et le palais de Buckingham laissa circuler des rumeurs de mésentente. La reine aurait trouvé la politique de Margaret Thatcher trop clivante, et désapprouvé sa position de conciliation envers le régime d’apartheid en vigueur en Afrique du Sud, qui isolait de fait le Royaume-Uni des autres pays du Commonwealth, et notamment des anciennes colonies africaines, toutes favorables aux sanctions économiques contre Pretoria. Cependant, Margaret Thatcher fut anoblie après sa démission en 1990 et la reine assista à ses funérailles en 2013, comme elle avait en 1965 participé à celles de Churchill.
Sur le plan familial, après les naissances de William (1982) et de Harry (1984), fils du prince et de la princesse de Galles, ou encore le mariage du prince Andrew, duc d’York, avec Sarah Ferguson devant 500 millions de téléspectateurs (1986), la presse populaire commençait dès 1987 à faire état de tensions entre Charles et Diana. La publication du livre d’Andrew Morton, Diana. Sa vraie histoire (1992), confirma les rumeurs et désigna une amie de Charles, Camilla Parker-Bowles, comme la cause des difficultés conjugales du couple. Cela marqua le début d’une série de scandales révélés par une presse populaire toujours à la recherche de gros titres. Photos volées, transcriptions de conversations téléphoniques très intimes alimentaient ce qu’on surnommait le « feuilleton royal » (the Royal Soap Opera). En novembre 1992, un incendie détruisait une partie du château de Windsor et le Premier ministre John Major annonçait la séparation de Charles et de Diana : les sphères politique et familiale se rejoignaient, puisqu’il s’agissait de l’héritier du trône et de ses enfants. L’année 1992 avait bien été « horrible » (annus horribilis), comme la reine la qualifia elle-même.
L’impopularité de la couronne était alors réelle. Les démêlés conjugaux des enfants de la reine mettaient à mal l’image, ancrée depuis le règne de Victoria, d’une monarchie incarnant les valeurs familiales. Dans le contexte de la grave crise économique de 1990-1993, de nombreuses voix s’élevaient contre la prise en charge par le gouvernement des réparations du château de Windsor – pourtant propriété de l’État, et non bien personnel de la reine – et les avantages fiscaux de la reine suscitaient l’indignation. À la fin de 1992, elle fit savoir qu’elle proposait « volontairement » de soumettre à imposition ses revenus privés. Malgré tout, les remises en cause de la monarchie restaient fréquentes. En 1994, l’hebdomadaire The Economist – pas vraiment un brûlot extrémiste – consacrait sa couverture à la monarchie, titrant « Une idée qui a fait son temps ».
La multiplication de révélations scabreuses poussa Élisabeth II à exiger de Charles et Diana qu’ils divorcent, ce qui fut fait en 1996. Un an plus tard (31 août 1997), Lady Di perdait la vie dans un accident de voiture à Paris, ainsi que son compagnon Dodi al-Fayed, fils du milliardaire égyptien propriétaire de Harrod’s, Mohammed al-Fayed. La décision prise par la reine de rester alors en Écosse, au château de Balmoral où elle passait les vacances d’été avec la famille royale, afin de protéger les deux fils de Diana, au lieu de revenir à Londres pour partager le deuil de ses sujets, fut largement incomprise, et la presse populaire multiplia alors les titres hostiles aux Windsor. Seule la diffusion en direct d’une adresse de la reine, rentrée à Buckingham, à ses[...]
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Écrit par
- Philippe CHASSAIGNE : professeur d'histoire contemporaine, université Bordeaux Montaigne
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