- 1. Les premières années
- 2. Les problèmes politiques et religieux sous Édouard VI et Marie Tudor (1547-1558)
- 3. Les débuts d'Élisabeth et le règlement de la question religieuse
- 4. L'évolution de la politique extérieure
- 5. Le développement économique, social et culturel
- 6. La fin du règne
- 7. Bibliographie
ÉLISABETH Ire (1533-1603) reine d'Angleterre (1558-1603)
Le développement économique, social et culturel
Dans l'histoire du règne d'Élisabeth, il n'y a pas de fait plus remarquable et de plus grand avenir que le développement de la marine britannique. À cet essor, encouragé par la législation, qui lance les vaisseaux anglais sur toutes les mers du globe en quête d'aventures commerciales ou de butins, contribua toute une génération de marins intrépides : Drake, le plus protestant, le plus audacieux ; Hawkins, qui inaugure la traite des Noirs, dont les Anglais se firent un quasimonopole ; Walter Raleigh, qui installe la colonisation anglaise en Virginie et dans les Antilles (Trinidad, 1595) ; Frobisher et Davis qui, en tentant de rejoindre l'Asie par un passage au nord-ouest de l'Amérique, commencent la fortune de Terre-Neuve, grand centre de pêche et école formatrice de marins aguerris. À la fin du règne d'Élisabeth, les Anglais se sont immiscés partout ; leur réputation méritée de pirates insolents et de commerçants astucieux les remplit de fierté et de détermination. L'aventure maritime a renforcé chez eux le sentiment orgueilleux de leur identité nationale et religieuse. Peu à peu s'est forgé alors un état d'esprit impérialiste.
En même temps que la marine, l'industrie et le commerce continuent leur développement, fondé sur la ruine des Pays-Bas dont les réfugiés trouvent place dans les manufactures – draperies notamment – et les comptoirs commerciaux. C'est alors l'essor de l'industrie lainière et celui de l'élevage du mouton. Si l'élevage se développe aux dépens de l'agriculture, refoulant, paupérisant les paysans évincés par les grands propriétaires, de nouvelles méthodes agronomiques sont soigneusement mises en œuvre par les squires et les bourgeois qui achètent des terres, contribuant à l'agrandissement de leurs propriétés aux dépens des petites tenures, à l'accroissement et à la diversification de la production. Mais cette spécialisation dans les activités de production (surtout à l'est et au centre de l'Angleterre, le reste demeurant traditionnel) n'exclut pas la multiplication et la diversification des autres industries : la métallurgie, maintenant grosse consommatrice de charbon ; l'industrie extractive ; la construction navale ; la fabrication des pacotilles qui alimentent le « commerce triangulaire ». Le fameux Statut des apprentis et artisans (1563) réglemente la production, favorise surtout les fils de maîtres des corporations et permet le développement de compagnies industrielles capitalistes.
Héritière du commerce flamand, l'Angleterre, et surtout Londres – devenue à la suite de l'afflux des négociants d'Anvers l'entrepôt de l'Europe –, affirme sa suprématie commerciale. Thomas Gresham, négociant et banquier qui conseille une réforme monétaire réussie, fonde à Londres en 1570 le Royal Exchange (la Bourse) qui devint bientôt le lieu de rendez-vous des marchands européens. Les négociants anglais, rivalisant avec les courtisans pour l'obtention de fructueux monopoles, de chartes à privilèges, remplacent et dépassent sur leurs circuits de naguère Hanséates et Vénitiens. Groupés en compagnies privées par actions, ils exploitent les marches de la Baltique, du Levant (où leur protestantisme anti-espagnol les sert auprès des Ottomans) et de la Moscovie, alors presque inconnue. En 1600 est fondée la Compagnie des Indes orientales, appelée à un grand avenir. À toutes ces entreprises, la reine et son secrétaire, William Cecil, devenu lord Burghley (une des rares pairies créées par la reine), l'un et l'autre férus de mercantilisme agressif, collaborent passionnément. Élisabeth en tire volontiers des bénéfices personnels ou des prêts d'État. Ainsi est-elle moins dépendante du Parlement, qui en est réduit à constater[...]
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Écrit par
- André BOURDE : professeur à l'université de Provence, directeur de l'Institut d'art
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