JACQUET DE LA GUERRE ÉLISABETH (1667-1729)
L'une des premières femmes compositeurs. Brillante claveciniste française, Élisabeth Claude Jacquet naquit et mourut à Paris dans une famille qui comptait déjà plusieurs musiciens : Jehan, facteur de clavecin, mort à Paris après 1658 ; son fils, Claude Ier (1605-av.1675), facteur comme son père ; Claude II, petit-neveu de Jehan, claveciniste et organiste de Saint-Louis-en-l'Isle ; Élisabeth, fille de ce dernier. Très douée dès son jeune âge, Élisabeth se fit entendre à dix ans. Mme de Montespan la fit entrer à la Cour en 1682 et Louis XIV fut impressionné par ses qualités de musicienne. En 1684, elle se maria avec Marin de La Guerre (1658-1704), claveciniste et organiste réputé (chez les jésuites de la rue Saint-Antoine, à Saint-Séverin, à la Sainte-Chapelle), lui-même membre d'une dynastie de musiciens organistes (son frère, Jérôme, 1655 env.-apr. 1738 ; leur père, Michel, 1605 env.-1679 ; leur oncle, François) ; après ce mariage, elle quitta la Cour et se fixa à Paris où elle enseigna le clavecin et donna beaucoup de concerts, surtout après le décès de son mari.
Comme compositeur, Élisabeth fait preuve d'un réel talent par la qualité de son écriture, qui doit beaucoup au style italien dans les formes de la sonate et de la cantate. Elle écrivit notamment des Pièces de clavecin qui se peuvent jouer sur le violon (1707) — le recueil de 1687 est perdu —, des Sonates pour le violon et pour le clavecin, six Sonates en trio pour deux violons et basse continue avec viole de gambe (1695). De sa musique pour le théâtre, il reste une tragédie lyrique, Céphale et Procris, qui fut un échec (1694), une pastorale, La Musette ou les Bergers de Suresne (1713) ; elle a écrit aussi un ballet (perdu), Jeux à l'honneur de la Victoire (1685). Ses pages les plus nombreuses furent destinées à la musique vocale : plusieurs airs dans les Recueils d'airs sérieux et à boire (1710-1724) ; trois livres de cantates pour une voix avec basse continue, avec ou sans accompagnement instrumental, soit, en 1708, Cantates françoises sur des sujets tirez de l'Écriture : Esther, Le Passage de la mer rouge, Jacob et Rachel, Jonas, Susanne, Judith ; en 1711, Cantates françoises... : Adam, Le Temple rebasti, Le Déluge, Joseph, Jephté, Samson ; vers 1715, Sémélé, L'Île de Délos, Le Sommeil d'Ulisse (Cantates françoises auxquelles on a joint le Racommodement comique). Sa dernière œuvre, un Te Deum à grand chœur exécuté à la Cour en 1721 à l'occasion de la convalescence du futur Louis XV, reste inconnue jusqu'ici. Sa musique, parfois empreinte de quelque afféterie, manifeste souvent vigueur et force, en même temps qu'une grâce légère et aisée.
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Écrit par
- Pierre-Paul LACAS : psychanalyste, membre de la Société de psychanalyse freudienne, musicologue, président de l'Association française de défense de l'orgue ancien
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Autres références
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DAQUIN LOUIS CLAUDE (1694-1772)
- Écrit par Pierre-Paul LACAS
- 747 mots