SCHWARZKOPF ELISABETH (1915-2006)
Une beauté rare, à la fois radieuse et distante, et un port de reine lui promettaient une irrésistible carrière sur les scènes lyriques. La débutante a certes connu les planches, mais, au fil des années, l'opéra a vu ses apparitions se raréfier et son répertoire se concentrer autour de quelques grands rôles de Richard Strauss et de Mozart. La soprano allemande Elisabeth Schwarzkopf doit en partie sa gloire au microsillon : instrument docile entre les mains d'un mari Pygmalion, elle a su répondre, par un travail acharné, à toutes les exigences artistiques et techniques de ce nouveau support ainsi qu'aux insatiables attentes de son Mentor. Sa dévorante obsession de la précision, de la perfection de l'intonation et de la pureté stylistique lui ont permis de s'approprier pendant de longues années les rôles de la Comtesse des Noces de Figaro ou ceux de la Maréchale du Chevalier à la rose, au point d'occulter d'autres incarnations tout aussi dignes d'admiration. Elle personnifie l'un des sommets de l'idéal musical au disque, et l'une des références absolues du chant straussien et mozartien.
Ambition et perfectionnisme
Olga Maria Elisabeth Friederike Schwarzkopf naît le 9 décembre 1915 à Jarotschin, ville allemande devenue depuis lors polonaise (Jarocin). Elle entre en 1934 à la Hochschule für Musik de Berlin, où elle travaille sa voix avec une chanteuse de lieder réputée, Lula Mysz-Gmeiner. Signe du destin, elle figure, en 1937, dans les chœurs du mémorable enregistrement de La Flûte enchantée de Mozart que dirige Thomas Beecham et que produit pour E.M.I. Walter Legge, qui ne la remarque pas. Son affiliation officielle au parti nazi – affinités intellectuelles et arrivisme forcené s'y mêlent étroitement – va contribuer au développement rapide de sa carrière. Dès 1938, elle fait partie de la troupe de l'Opéra d'État de Berlin, qui lui confie des personnages secondaires dans les opérettes et de petits rôles dans les opéras. Cette période culmine en 1941 avec Oscar (Un bal masqué de Verdi) et Zerbinetta (Ariane à Naxos de Richard Strauss). La même année, dans un Paris occupé par les forces allemandes, elle chante Adele (La Chauve-Souris de Johann Strauss) sous la direction d'Herbert von Karajan. C'est alors qu'elle rencontre l'une des plus grandes coloratures de son temps, Maria Ivogün. Cette dernière, avec l'aide de son mari, le célèbre pianiste accompagnateur Michael Raucheisen, reconstruit sa technique vocale, affermit son sens du style et l'initie aux arcanes du lied. Un premier récital à Berlin en 1942 fait sensation. Ses débuts à l'Opéra de Vienne, prévus en 1943 sous la baguette de Karl Böhm, auront lieu en 1944, dans le rôle de Zerbinetta, sous la baguette de Josef Krips.
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Écrit par
- Pierre BRETON : musicographe
Classification
Médias
Autres références
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- 1 679 mots
- 1 média
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