SCHWARZKOPF ELISABETH (1915-2006)
La voix de son maître
Walter Legge, infatigable découvreur de talents, la distingue – il l'épousera en 1953 –, lui offre la nationalité britannique et réalise ses premiers enregistrements. Véritable maître à chanter, il lui transmet sa passion pour Hugo Wolf, sa rigueur et sa vaste culture. Après une tournée triomphale en Grande-Bretagne (1947), elle rejoint la troupe du Covent Garden de Londres, où elle va chanter jusqu'en 1951 – en anglais – dans des rôles aussi divers que Mimì (La Bohème de Puccini), Violetta (La Traviata de Verdi), Eva (Les Maîtres chanteurs de Nuremberg de Wagner), Sophie (Le Chevalier à la rose de Richard Strauss), Gilda (Rigoletto de Verdi), Nedda (Paillasse de Leoncavallo), Pamina (La Flûte enchantée), Cio-cio-san (Madama Butterfly de Puccini) ou le rôle-titre de Manon de Massenet. De 1947 à 1964 elle paraît fréquemment au festival de Salzbourg sous les traits de Susanna (Les Noces de Figaro de Mozart, 1947), de Donna Elvira (Don Giovanni de Mozart, 1948-1950, 1953-1954, 1960), de Marzelline (Fidelio de Beethoven, 1950), de la Comtesse Almaviva (Les Noces de Figaro, 1952-1953, 1956, 1958), d'Alice Ford (Falstaff de Verdi, 1957), de Fiordiligi (Così fan tutte de Mozart, 1958, 1961-1964), de la Maréchale (Le Chevalier à la rose, 1960-1961, 1964). En 1951, elle inaugure le « nouveau Bayreuth » en chantant dans la Neuvième Symphonie inaugurale sous la direction de Wilhelm Furtwängler (29 juillet) et en interprétant Eva des Maîtres chanteurs sous celle de Karajan ainsi que Woglinde dans L'Or du Rhin et Le Crépuscule des Dieux.
Le 11 septembre 1951, elle crée à La Fenice de Venise, sur la demande expresse du compositeur, Anne Trulove du Rake's Progress de Stravinski. Le 13 février 1953, elle participe à la création du Trionfo di Afrodite de Carl Orff à la Scala de Milan, sous la direction de Karajan. En 1961, Bruno Walter l'appellera pour ses adieux à Vienne avec une très émouvante Quatrième Symphonie de Mahler. Le Metropolitan Opera ne l'accueillera, bien tardivement, qu'en 1964, dans le rôle emblématique de la Maréchale. Elle crée encore, en 1967, le cycle des Canti della lontananza, de Gian Carlo Menotti. Depuis de nombreuses années déjà ses apparitions publiques s'espacent, essentiellement des récitals de 1971 à 1975. Le 31 décembre 1972, au Théâtre royal de la Monnaie de Bruxelles, elle fait ses adieux à la scène en interprétant la Maréchale. À la mort de Walter Legge, en 1979, elle cesse définitivement de donner des concerts. Elle se tourne alors vers l'enseignement et la mise en scène. Sous le sourire angélique se dissimulent un professeur souvent cruel et une consœur parfois venimeuse... En 1982 paraissent ses mémoires, dont le titre français, voulu par elle – elle parlait fort bien cette langue –, La Voix de mon maître : Walter Legge, témoigne tout à la fois de sa fidélité et de son humour. Elisabeth Schwarzkopf meurt à Schruns (Autriche) le 3 août 2006.
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Écrit par
- Pierre BRETON : musicographe
Classification
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Autres références
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- 1 679 mots
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