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SÖDERSTRÖM ELISABETH (1927-2009)

Ni l'étendue de son registre, ni l'éclat de sa puissance vocale ne la plaçaient au premier rang des cantatrices devant lesquelles s'ouvrent trop facilement les portes de la célébrité. Par la finesse de son intelligence musicale, la souplesse de son phrasé et la force de sa présence dramatique, la soprano suédoise Elisabeth Söderström n'en compte pas moins parmi les plus sensibles interprètes de sa génération. Au cours d'une longue carrière menée avec sagesse, elle a su concilier une intense activité professionnelle et une vraie vie familiale. Sans emphase inutile, la pureté de sa ligne vocale et la rigueur de son style conduisent au cœur de l'émotion.

Fille d'un capitaine de la marine suédoise et d'une mère russe – respectivement ténor et pianiste amateurs –, Anna Elisabeth Söderström naît à Stockholm le 7 mai 1927. Dès ses quatorze ans, elle suit, à l'Académie royale de musique de la capitale suédoise, les leçons d'une soprano colorature russe, Adelaide Andrejewa De Skilondz, qui forme également la basse finlandaise Kim Borg. Elle lui doit de solides bases techniques, forgées au contact du chant mozartien, qui lui permettent, alors qu'elle est encore étudiante, de faire en mai 1947 des débuts remarqués, dans le rôle de Bastienne (Bastien et Bastienne de Mozart), au Théâtre de la cour à Drottningholm. Elle entre en 1950 dans la troupe de l'Opéra royal de Stockholm, qui lui offre le rôle de Regina dans Mathis der Maler de Paul Hindemith ; elle appartiendra à cette troupe durant toute sa carrière. En 1955, le festival de Salzbourg l'accueille avec Ighino (Palestrina de Hans Pfitzner), sous la baguette de Rudolf Kempe. À son tour, le festival de Glyndebourne fête en 1957 sa vision du personnage du Compositeur (Ariane à Naxos de Richard Strauss), prélude à une longue série d'invitations. En 1959, le public du Covent Garden de Londres ovationne son interprétation de Daisy Doody dans l'opéra Aniara dû à la plume du Suédois Karl-Birger Blomdahl, puis celle de Morgana (Alcina de Haendel). La même année, le 30 octobre, elle chante pour la première fois au Metropolitan Opera de New York (Susanna des Noces de Figaro), mais elle préférera ensuite, pour ne pas trop s'éloigner de ses enfants, se produire essentiellement en Europe.

Son domaine de prédilection inclut tout particulièrement Mozart – Susanna et la Comtesse Almaviva des Noces de Figaro – et Richard Strauss : elle est l'une des rares sopranos à avoir tenu successivement les trois rôles féminins principaux du Chevalier à la rose (Sophie, Octavian, la Maréchale) et triomphe tout aussi bien avec Christine (Intermezzo) ou la Comtesse Madeleine (Capriccio). En 1969 et 1970, elle incarne au Covent Garden une inoubliable Mélisande (Pelléas et Mélisande de Debussy) sous la direction de Pierre Boulez. L'Opéra de Paris l'applaudit dans Le Chevalier à la rose en 1974. Elle grave, dirigée par Charles Mackerras, trois opéras majeurs de Janáček – rôles-titres de Kátya Kabanová (1976) et de Jenůfa (1982), Emilia Marty de L'Affaire Makropoulos (1978) –, enregistrements qui ont durablement marqué la discographie. Le 12 avril 1978, à l'Opéra de Stockholm, elle tient le rôle de Clitoria (Amanda) lors de la création, en suédois, du Grand Macabre de Ligeti. À Dallas, le 19 novembre 1988, elle crée Juliana Bordereau de l'opéra The Aspern Papers, rôle que Dominick Argento a écrit à son intention. Confirmant son intérêt pour la musique du xxe siècle, Elisabeth Söderström s'illustre avec Gerda (Fennimore and Gerda de Delius), Marie (Wozzeck de Berg), Ellen Orford (Peter Grimes de Britten) et la Gouvernante (The Turn of the Screw de Britten), Elisabeth Zimmer (Elegy for Young Lovers de Henze). Elle ne dédaigne pas pour autant le grand répertoire – Nerone (L'incoronazione[...]

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