RECLUS ÉLISÉE (1830-1905)
La reconnaissance tardive de son œuvre
L’œuvre géographique d’Élisée Reclus, fortement teintée d’histoire et indissociable de son engagement anarchiste, semble tomber dans un relatif oubli après sa mort tandis qu’émerge l’école géographique française, fondée par Paul Vidal de La Blache. Beaucoup considèrent ce dernier comme le fondateur de la géographie humaine alors que la géographie de Reclus est tout autant centrée sur l’humain. Tous deux mettent au premier plan de leurs analyses l’influence du milieu sur les sociétés. En fait, l’oubli dont a été victime Reclus s’explique surtout par le fait qu’il n’a jamais été introduit dans les milieux académiques ou universitaires. De plus, l’importance que Reclus donne à l’analyse politique, reflet de ses convictions anarchistes, a certainement joué un rôle de repoussoir.
C’est d’ailleurs cette orientation idéologique qui explique en grande partie la réhabilitation de l’œuvre d’Élisée Reclus après Mai-68 : celle-ci devient une référence historique à une lecture politique de la géographie et autorise la critique des écoles établies. Ainsi, Yves Lacoste et sa revue de géopolitiqueHérodote ont œuvré à la redécouverte de Reclus.
Depuis lors, Élisée Reclus reste une référence intellectuelle majeure. En insistant sur la possibilité d’une entente harmonieuse et pacifique entre les hommes, la nature et les animaux (il était un militant actif du végétarisme), il peut également être considéré comme un des fondateurs de l’écologie politique, en particulier de son courant humaniste et social.
Enfin, il convient de souligner que l’œuvre d’Élisée Reclus ne présente pas seulement un intérêt géographique, historique ou politique, sa très grande qualité littéraire en fait l’un des auteurs francophones les plus brillants de la fin du xixe siècle.
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Écrit par
- Valérie CHANSIGAUD : docteur en sciences de l'environnement, historienne des sciences et de l'environnement, chercheuse associée au laboratoire SPHERE, CNRS, UMR 7219, université de Paris-VII-Denis-Diderot
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