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BAGRIANA ELISSAVÉTA (1893-1991)

Née à Sofia, figure dominante de la poésie bulgare contemporaine, Elissavéta Bagriana fait son entrée dans les lettres au lendemain de la Première Guerre mondiale, après de nombreux poètes qui les enrichissaient déjà de leur apport. Certains d'entre eux ont, à des titres divers, des attaches avec le courant symboliste touchant déjà à son déclin ; d'autres révèlent plus ou moins une inspiration sociale.

Bagriana ne peut être rattachée à aucune école ; elle est de la famille des grands poètes dont le talent est la seule étiquette. Son œuvre, d'inspiration très personnelle, se déroule comme une confession, où le vécu est évoqué avec une infinie délicatesse.

Bagriana se révèle au grand public en 1927 avec un premier recueil, Vetchnata i sviata (L'Éternelle et la Sainte), qui fut l'événement poétique de l'après-guerre. On découvrait avec émerveillement ces poèmes chaleureux où une femme parlait avec une telle sincérité, et en même temps avec une si étonnante virtuosité rythmique, de la joie d'être jeune, de l'enthousiasme d'aimer et de vivre.

Le thème d'un élan vers la liberté, celui de la révolte contre tout ce qui entrave cette liberté, contre les petitesses d'une vie banale et étriquée reviennent souvent dans ce recueil.

Quant à l'amour, chez Bagriana, il n'est ni la violence de la passion ni la volupté ; il se confond avec l'ivresse d'être jeune, le jaillissement d'une irrésistible allégresse, la soif d'évasion vers des cieux inconnus. Mais l'amour humain n'est pas sa seule source d'inspiration. Elle vibre au contact de toute beauté, elle déborde d'amour pour le pays natal, elle éclate de joie devant le spectacle des pays étrangers. Parmi ces pays, une place de choix est réservée à la France.

Dans les recueils qui sont suivi — Zvezda na moriaka (Étoile du marin, 1932), Sartsé tchovechko (Cœur humain, 1936), les thèmes s'élargissent, le désir d'évasion devient souvent une soif de possession du monde ; cependant, le fond reste le même, le poète reste fidèle à ses premiers élans.

Dans le recueil Ot briag na briag (D'une rive à l'autre, 1963), ainsi que dans quelques poèmes publiés dans des revues (1967), la fougue juvénile cède souvent la place à une contemplation sereine. C'est alors avec une mélancolie à peine perceptible que le poète effleure l'idée de la mort, comme dans le recueil Contrepoints (1972).

— Nadia CHRISTOPHOROV

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    ...plus mûr et avec un souci supérieur de la forme qui le préserve de toute banalité, de toute rhétorique facile et fait de lui un grand poète. En marge de ces deux courants créés par le symbolisme et la poésie prolétarienne se situe le puissant génie créateur d'une femme, Elissavéta Bagriana (1893).