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BOWEN ELIZABETH (1899-1973)

Née à Dublin, Elizabeth Bowen est pourtant moins marquée par ses origines irlandaises que beaucoup de ses compatriotes qui comme elle se sont tournés vers la littérature. C'est que très jeune elle quitte l'Irlande pour faire ses études dans le Kent en Angleterre. À partir de l'âge de dix-neuf ans, elle passe régulièrement une partie de l'année en Italie, et le reste à Londres. C'est pour tenter d'améliorer ses revenus qu'elle se décide à écrire, après avoir abandonné sa vocation première de peintre. Rencontres (Encounters, 1923), son premier livre, publié alors qu'elle n'a que vingt-quatre ans, est un recueil de nouvelles, genre dans lequel elle passera maître par la suite. Quatre ans plus tard, en 1927, elle compose son premier roman L'Hôtel (The Hotel). Elle continuera à publier, à intervalles espacés mais régulièrement, romans et recueils de nouvelles constituant peu à peu une œuvre abondante et originale, que l'on a parfois comparée à celles de Jane Austen ou de Virginia Woolf. On peut citer Septembre dernier (The Last September, 1929), roman dont l'action se déroule en Irlande ; Vers le Nord (To the North, 1932) ; Le chat saute (The Cat Jumps, 1934), un recueil de nouvelles ; et surtout La Maison à Paris (The House in Paris, 1935) et La Mort du cœur (The Death of the Heart, 1938).

Les personnages d'Elizabeth Bowen appartiennent à la haute bourgeoisie, à la société édouardienne en voie de désintégration, société qui fut celle de son enfance. Elle se passionne pour le cœur humain, et beaucoup de ses récits portent sur la sensibilité encore incertaine d'une jeune fille, sur celle d'une veuve ou d'une vieille demoiselle. Bref, il s'agit de personnages solitaires et vulnérables, le plus souvent de personnages féminins, à la recherche de l'accomplissement de leur personnalité. Traités à la fois avec réalisme et avec une imagination à laquelle Elizabeth Bowen donne libre cours, ses romans et ses nouvelles, dans le cadre du roman de mœurs, explorent les implications tragiques de la solitude et de la non-communicabilité, et les détours, les secrets de la sensibilité individuelle. En même temps, l'auteur a su garder un certain détachement, un recul amusé, qui fait de son œuvre une merveille d'humour léger.

Après la guerre, Elizabeth Bowen a continué d'écrire en publiant notamment La Chaleur du jour (The Heat of the Day, 1949), un roman qui se passe à Londres en temps de guerre. Plus que les aventures sentimentales des personnages, c'est l'atmosphère de la ville menacée, admirablement restituée, qui donne toute sa valeur à ce roman. Un monde d'amour (A World of Love, 1955), Les Petites Filles (The Little Girls, 1964) ainsi qu'Eva Trout (1969), marqués de l'analyse pénétrante des consciences féminines et enfantines et d'où n'est pas absente une certaine intensité poétique, témoignent des mêmes qualités. Un élément de mystère est souvent présent, parmi les situations ou les sentiments les plus banals, c'est le cas en particulier dans L'Amant démoniaque (The Demon Lover), un recueil de nouvelles qui date de 1946. Elizabeth Bowen a aussi composé de nombreux scripts pour la télévision britannique.

— Marc BLOCH

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