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TAYLOR ELIZABETH (1932-2011)

Le goût de l'excès

À partir de Géant, la vie privée de la star envahit et brouille son image. Ses rapports avec Richard Burton, souvent marqués par l'alcool, sont particulièrement mis en évidence. Il est vrai que la hargne conjugale, sujet de deux films qu'ils interpréteront ensemble, facilite un tel glissement : Who Is Afraid of Virginia Woolf ? (Qui a peur de Virginia Woolf ?, Mike Nichols, 1966) et The Taming of the Shrew (La Mégère apprivoisée, Franco Zeffirelli, 1967). Si le second tire Shakespeare vers l'exercice de style, l'excès plus tonitruant que baroque, le premier utilise le couple d'acteurs au profit de la pièce d'Edward Albee dans un huis clos aux images serrées. Heureusement, Vincente Minnelli avait offert au couple un film ambitieux, de réconciliation quasi spirituelle, The Sandpiper (Le Chevalier des sables, 1965) où Elizabeth Taylor dévoilait une facette rare de son talent et de sa personnalité.

Elizabeth Taylor et Richard Burton - crédits : Stanley Sherman/ Hulton Archive/ Getty Images

Elizabeth Taylor et Richard Burton

Qui a peur de Virginia Woolf ? - crédits : Keystone/ Hulton Archive/ Getty Images

Qui a peur de Virginia Woolf ?

<it>La Chatte sur un toit brûlant</it>, de R. Brooks, 1958 - crédits : Metro-Goldwyn-Mayer/ Collection privée

La Chatte sur un toit brûlant, de R. Brooks, 1958

La médiatisation de la star en ferait oublier en effet l'actrice, à laquelle deux oscars, pour Butterfield 8 (La Vénus au vison, Daniel Mann, 1960) et Qui a peur de Virginia Woolf ?, après trois nominations, ne rendent pas vraiment hommage, même si la force de sa prestation est indéniable. Très tôt, réalisateurs et partenaires de la star sont surpris par un étonnant professionnalisme chez une si jeune actrice au jeu pourtant très instinctif. « [À vingt-six ans,] n'ayant jamais joué ailleurs que dans des films, explique Richard Brooks à propos de La Chatte sur un toit brûlant (A Cat in a Hot Tin Roof, 1958), il lui est très difficile de se donner autant pendant une répétition qu'au cours du plan... Mais que les lumières s'allument, que l'on soit prêt à donner le moteur et bang ! elle est comme un pur-sang sur la ligne de départ. »

Dans tous les cas, Elizabeth Taylor incarne une femme qui domine les hommes par sa sensualité, son dynamisme, sa fierté, son assurance, même lorsque l'échec sentimental clôt le combat, que celui-ci l'oppose à une autre femme – Katharine Hepburn, dans Suddenly Last Summer (Soudain l'été dernier), de Joseph L. Mankiewicz (1959), où elle retrouve Montgomery Clift, déjà très malade, ou Mia Farrow dans Cérémonie secrète (Joseph Losey, 1968) –, ou le plus souvent à un homme – Paul Newman dans La Chatte sur un toit brûlant, Marlon Brando dans Reflets dans un œil d'or (Reflection in a Golden Eye, John Huston, 1967), sans oublier bien sûr Richard Burton. L'affrontement peut être double : avec Michael Caine puis Susannah York, par exemple, dans un film de Brian G. Hutton au titre français significatif, Une belle tigresse (Ze and Co., 1971).

La dernière partie de la carrière d'Elizabeth Taylor est plus marquée par les événements « people », divorces, maladie, tragédies personnelles, que par la qualité des films qu'elle interprète. Certes, le succès est encore au rendez-vous avec Hôtel international (Anthony Asquith, 1964) ou Le Chevalier des sables... Mais les échecs, publics comme esthétiques, s'enchaînent : Les Comédiens (Peter Glenville, 1967) ; Las Vegas,un couple, dernier film de Georges Stevens (1970), Noces de cendres (Larry Peerce, 1973), L'Oiseau bleu (George Cukor, 1976). Pourtant, on retrouve presque toujours dans les personnages incarnés par la star l'énergie avec laquelle la femme a su faire face et rebondir inlassablement. En 1981, elle joue pour la première fois au théâtre dans Les Petits Renards, de Lillian Hellman. À la mort de Rock Hudson, en 1985, elle se lance dans une campagne contre le sida avec A.I.D.S. et récolte en une seule soirée à Cannes, en 2003, 1,3 million de dollars.

Elizabeth Taylor décède le 23 mars 2011 d’une insuffisance cardiaque.

— Joël MAGNY

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Écrit par

  • : critique et historien de cinéma, chargé de cours à l'université de Paris-VIII, directeur de collection aux Cahiers du cinéma

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