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JOHNSON-SIRLEAF ELLEN (1938- )

Présidente du Liberia de 2006 à 2018, Ellen Johnson-Sirleaf, économiste de formation, fut la première femme élue à la tête d'un État africain.

Ellen Johnson naît le 29 octobre 1938 à Monrovia, dans une famille ayant des origines à la fois gola et allemandes. Son père est le premier Libérien africain à siéger au Parlement. La jeune fille fréquente le College of West Africa à Monrovia, et épouse, à dix-sept ans, James Sirleaf (dont elle divorcera par la suite). En 1961, elle poursuit des études en économie et en gestion d'entreprise aux États-Unis. Après avoir obtenu une maîtrise en administration publique à Harvard (1971), elle entre dans la fonction publique libérienne.

Ellen Johnson-Sirleaf est nommée ministre adjointe des Finances (1972-1973) sous la présidence de William Tolbert, puis ministre des Finances (1980-1985) sous la dictature militaire de Samuel K. Doe. Mais reconnue pour son intégrité, elle entre en conflit avec ces deux chefs d'État. Sous le régime Doe, elle est emprisonnée à deux reprises et échappe de peu à une exécution. Lors des élections générales de 1985, elle mène campagne pour siéger au Sénat et critique ouvertement la dictature, ce qui lui vaut d'être arrêtée et condamnée à dix ans de prison. Elle est toutefois libérée rapidement et autorisée à quitter le pays. Durant ses douze années d'exil au Kenya et aux États-Unis, elle devient une économiste influente à la Banque mondiale, à la Citibank et dans d'autres institutions financières internationales. De 1992 à 1997, elle dirige le Bureau régional pour l'Afrique du Programme des Nations unies pour le développement.

Alors que le pays est plongé dans une guerre civile sanglante depuis 1989, Ellen Johnson-Sirleaf se présente à l'élection présidentielle de 1997, comme candidate du Parti de l'unité. Devancée par Charles Taylor, chef rebelle, elle doit à nouveau s'expatrier lorsque ce dernier l'accuse de trahison. Elle ne rentre au Liberia qu'à la suite du départ forcé du président Taylor en 2003, afin de présider la Commission de bonne gouvernance, chargée d'organiser les élections démocratiques. Deux ans plus tard, elle brigue à nouveau la présidence et promet de mettre un terme à la guerre civile et à la corruption, de rétablir l'entente nationale et de reconstruire le pays. Surnommée la « Dame de Fer », Ellen Johnson-Sirleaf arrive deuxième lors du premier tour de scrutin mais, le 8 novembre 2005, elle remporte l'élection devant l'ancien footballeur George Weah. Elle prête serment le 16 janvier 2006.

Ellen Johnson-Sirleaf doit relever des défis immenses liés à la présence de plus de quinze mille casques bleus dans le pays et à un taux de chômage dépassant 80 p. 100. Elle renégocie alors la dette de son pays et fait appel à l'aide internationale. Elle crée par ailleurs une commission de Vérité et de réconciliation, chargée d'enquêter sur les affaires de corruption et d'apaiser les tensions ethniques.

Quelques jours avant la fin de son premier mandat en octobre 2011, Ellen Johnson-Sirleaf, qui a annoncé sa candidature pour un second mandat, se voit décerner le prix Nobel de la paix. Alors que sa réélection semblait acquise, elle doit faire face à l'appel au boycottage de son rival Winston Tubman entre les deux tours de scrutin. Seule en lice, elle est finalement réélue présidente du Liberia le 8 novembre 2011 avec 90,8 p. 100 des voix, mais avec un faible taux de participation (37,4 p. 100) et une forte contestation de cette victoire par l'opposition. Alors que son élection en 2005 avait suscité de grands espoirs dans le pays, et notamment auprès des femmes, Ellen Johnson-Sirleaf achève son second mandat avec un bilan très mitigé. La corruption et le népotisme gangrènent toujours le système politique, la crise sanitaire due au virus Ebola a affecté fortement[...]

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  • LIBERIA

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    • 6 médias
    ...l'élection présidentielle du 11 octobre 2005. Il se résume à l'affrontement de deux candidats également atypiques : George Weah, ancien footballeur, et Ellen Johnson-Sirleaf, première femme africaine à briguer la fonction présidentielle. C'est elle qui l'emportera finalement à l'issue du second tour de...