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ELLIPSE, rhétorique

Le mot ellipse vient du grec elleipsis, dont le sens propre est « manque », « insuffisance » (Bailly), et désigne un procédé de discours qui résulte de l'omission d'un ou de plusieurs mots de l'expression grammaticale complète d'une phrase sans que le sens de celle-ci soit obscurci. Dans la langue parlée son emploi est constant pour éviter des redondances trop évidentes. Dans les exemples suivants, on a placé entre parenthèses les mots qui permettent d'obtenir l'expression grammaticale complète : « Comment t'appelles-tu ? — (Je m'appelle) Hélène », « (Faites) Bon voyage ! », « (En demeurant) Loin des yeux, (tu es) loin du cœur ».

L'ellipse est utile dans la formation de termes : voiture (automobile). La suppression de la conjonction de coordination donne l'asyndète, la suppression de la conjonction de subordination forme la parataxe, et de celle du verbe résulte la phrase nominale. Dans le langage poétique elle ajoute à la vigueur d'expression et donne une force soutenue à l'élan de la parole ; elle évite les lourdeurs. En mettant des structures essentielles à nu, elle ajoute aussi à la clarté : (Il y a des) « Murmures » (Michel Butor). Elle peut marquer des émotions fortes ; ainsi dans l'Andromaque de Racine éclate toute l'amertume d'Hermione envers Pyrrhus : « Je t'aimais inconstant : qu'aurais-je fait fidèle ? » C'est le contexte qui éclaire cette ellipse « hardie » (Laharpe). Grâce à celui-ci, le lecteur comprend : « Je t'aimais (quoique tu fusses) inconstant, qu'aurais-je fait (si tu étais) fidèle ? » Plus on est rebuté par l'expression complète et plus on apprécie l'économie de l'ellipse.

— Véronique KLAUBER

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