SCHIAPARELLI ELSA (1890-1973)
Cette Italienne pleine de fantaisie est venue à la couture par hasard ; en effet, Elsa Schiaparelli, après un mariage malheureux et un séjour aux États-Unis, doit assurer sa vie et celle de sa fillette « Gogo », et commence à créer des sweaters et des vêtements de sport dans un atelier à Paris ; en 1927, elle s'installe dans un entresol, rue de la Paix. Ses bonnets tricotés, ses sweaters à dessins de nœuds et de cravates en trompe l'œil lui apportent la notoriété. À l'image de Chanel, elle a étendu, peu à peu, ses activités, de la conception de modèles de sport aux tenues de ville puis aux robes du soir, et s'attachera enfin à la création de parfums. Assistée de Bettina Jones, une jeune Américaine d'une allure superbe et d'un humour indomptable, elle subjugue par l'évidence de sa modernité, par l'efficacité de ses formules nouvelles, comme telle robe habillée, de conception hybride « qui ne soit plus celle du jour, sans être celle du soir » (1933).
La maison Schiaparelli s'installe plus au large, place Vendôme, dans les salons précédemment occupés par Chéruit. Dans ce nouveau décor, magistralement composé par Jean-Michel Frank, avec des accessoires créés par Diego Giacometti et une boutique dont les vitrines sont ordonnées avec une extrême fantaisie par Bettina Jones (devenue Mme Gaston Bergery), Schiaparelli présentera pendant quelques années le meilleur de ses créations que porteront des femmes éminentes comme l'honorable Mrs. Fellowes ou la duchesse de Windsor.
Schiaparelli se définit alors comme une couturière « inspirée », retenant pour chaque collection des thèmes, des leitmotive aisément identifiables ; ainsi les capes et accessoires de « verre » (du plastique transparent) pour l'été de 1935, les accessoires bordés de broderie anglaise dessinant les dentelures caractéristiques du « papier pâtisserie » (été de 1936), les boutons en forme de cygne, d'écrevisse, dès 1936 ; pour l'hiver de 1936-1937, une collection « néo-classique » avec des robes du soir inspirées des costumes des tragédies antiques, et des bijoux imités des pièces de fouilles archéologiques ; de superbes manteaux-capes, pour le printemps de 1937 et pour l'été, tout le répertoire des papillons imprimés, brodés, appliqués. L'influence des amis artistes (Jean Cocteau, Christian Bérard, Dalí) n'est pas négligeable : le surréalisme, présent dans les créations de Schiaparelli (manteau à poches tiroirs, hiver de 1936-1937 ; robe d'organdi imprimée d'un grand homard, été de 1937), s'accentue pour la collection d'hiver de 1937-1938 dans laquelle figurent le chapeau en forme d'escarpin et le tailleur aux poches en forme de bouche ; le thème de la mer est présent pour le printemps de 1938. La collection de l'été de 1938, entièrement axée sur le thème du cirque, fait sensation : des boléros brodés évoquent les chevaux savants, les éléphants... L'automne de 1938 est voué à la collection « païenne », qui décline le répertoire de la mythologie antique revue par les peintres de la Renaissance italienne : les broderies évoquent les tuniques des femmes peintes par Botticelli, et des insectes polychromes, des feuillages illustrent la référence à la déesse Nature ; la présentation suivante, pour l'hiver de 1938-1939, développe le thème cosmique, et les grands chefs-d'œuvre de cette collection sont la cape de « Phœbus », et la cape au « char d'Apollon » ; le printemps de 1939 est consacré à la commedia dell'arte, avec des décors de patchwork qui évoquent les vêtements d'Arlequin ; pour l'été de 1939, Schiaparelli propose une collection pleine d'humour, de nostalgie, sur le thème des « tournures » avec des robes à basques et poufs à l'arrière, ainsi que des petits « bibis » ornés de broderie anglaise...[...]
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Guillaume GARNIER : conservateur du musée de la Mode et du Costume, palais Galliera
Classification
Média
Autres références
-
GIVENCHY HUBERT DE (1927-2018)
- Écrit par Guillaume GARNIER
- 864 mots
- 1 média
Né le 20 février 1927 à Beauvais dans une famille qui compte un photographe de mode et un administrateur des manufactures des Gobelins et des manufactures de tapisseries de Beauvais, Hubert de Givenchy est destiné par ses parents à une carrière juridique. Il apprend le droit dans une étude de notaire....