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EMDR (eye movement desensitization and reprocessing)

Le cadre théorique

Nous avons retenu trois pistes théoriques susceptibles d’expliquer ce qui se passe durant la psychothérapie EMDR :

– L’hypothèse du sommeil REM. Depuis la fin du xxe siècle, les chercheurs se sont surtout intéressés aux mouvements oculaires susceptibles de constituer l’un des principes actifs de l’EMDR. Un parallèle a été fait avec ce qui se passe dans le sommeil à mouvements oculaires rapides (rapideyesmovementREM). En effet, les mouvements oculaires rapides surviennent au cours des états de rêve et il existe de plus en plus de preuves montrant que le rôle des rêves est d’élaborer et de digérer psychiquement les vécus de la vie réelle. Il semble que, lorsque des souvenirs pénibles apparaissent dans les rêves, les mouvements oculaires rapides induisent un effet de détente qui permet le traitement psychique de ces expériences.

–  L’hypothèse de la consolidation-reconsolidation de la mémoire. La théorie de la reconsolidation propose qu’un souvenir réactivé (rappelé en mémoire) redevienne labile et doive par la suite être consolidé de nouveau (reconsolidé) pour exister dans la mémoire des sujets. Ainsi, un souvenir permanent peut être ravivé, puis dégradé, notamment par le recours à des agents amnésiques (bêtabloquants comme le propranolol) ou des activités susceptibles d’interférer au moment de sa reconsolidation. Ce serait le cas des stimulations alternées présentes avec la thérapie EMDR, qui conduirait à une reconsolidation des souvenirs traumatiques, devenus différents des souvenirs initiaux. C’est bien quelque chose de cette nature qui semble en effet se passer avec la psychothérapie EMDR, puisque les sujets rapportent souvent que leur souvenir initial a changé et que sa charge négative a disparu…

– L’hypothèse de la mémoire de travail. Si l’on part du principe que la capacité de la mémoire de travail est limitée, alors les performances de stockage seront altérées si deux tâches simultanées entrent en concurrence. Si les capacités attentionnelles de la mémoire de travail d’un sujet s’avéraient saturées lors de la confrontation à un événement négatif ou traumatique – lors de la phase de stockage initiale ou traumatique (consolidation) ou lors de la phase de reconsolidation dans le cadre d’une psychothérapie où l’on proposerait au patient de revenir sur le souvenir pathogène –, il serait alors possible d’imaginer que le traitement cognitif réservé à cet événement dans les deux cas serait bien différent de celui opéré si la mémoire de travail disposait de toutes ses ressources attentionnelles et mnésiques. Ainsi, les mouvements oculaires pourraient avoir une fonction de saturation de la mémoire de travail. Les ressources de cette dernière étant limitées, tout se passe comme si la reconsolidation se faisait en dépouillant les souvenirs de certaines caractéristiques, notamment en ce qui concerne leur charge émotionnelle qui, au final, s’avère dans les faits moins intense. C’est là une piste intéressante, mais une piste seulement, car on ne peut réduire à cela ce qui se joue dans le processus psychothérapeutique.

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Écrit par

  • : professeur des Universités, responsable du master de psychologie et du master 2 Psychologie de la santé et psychologie clinique, du laboratoire Apemac et de l'Epsam , université de Lorraine, fondateur et directeur du centre Pierre-Janet, université de Lorraine

Classification

Média

La thérapie EMDR - crédits : BSIP/UIG/ Getty Images

La thérapie EMDR

Autres références

  • STRESS AIGU ET TROUBLES PSYCHO-TRAUMATIQUES

    • Écrit par
    • 5 773 mots
    La technique de l’EMDR a été mise au point par Francine Shapiro (1948-2019) aux États-Unis à la fin des années 1980 avant d’être diffusée en Europe par David Servan-Schreiber. Après un ciblage précis des perturbations émotionnelles associées aux souvenirs traumatiques, les mouvements oculaires dirigés...