EMDR (eye movement desensitization and reprocessing)

Reconnaissance et efficacité de l’EMDR

Depuis la fin du xx^e siècle, la psychothérapie EMDR est reconnue par de nombreux services nationaux de santé mentale, organisations professionnelles et instances internationales (en France, la Haute Autorité de santé, l’INSERM… ; aux États-Unis, le puissant Department of Veterans Affairs, l’American Psychiatric Association… ; l’OMS…) comme un traitement efficace dans la prise en charge du psychotraumatisme. Les nombreuses recommandations et plusieurs méta-analyses (Bisson et Andrew, 2007) indiquent que les effets thérapeutiques obtenus par la psychothérapie EMDR dans la prise en charge et le traitement de l’état de stress post-traumatique (ESPT) sont équivalents à ceux des thérapies cognitives et comportementales (TCC) les plus étudiées, et sont aussi durables. Par exemple, la méta-analyse de Bradley et al. (2005), qui concernait vingt-six études portant sur la prise en charge de l’ESPT, a montré que la thérapie par l’exposition, la thérapie cognitivo-comportementale sans exposition, la thérapie cognitivo-comportementale avec exposition et la psychothérapie EMDR étaient équivalentes en termes d’efficacité lorsque l’on compare l’état des participants avant et après traitement. Ces modalités de traitement ont aussi une efficacité équivalente lorsqu’elles sont comparées à un groupe contrôle ou à un groupe de comparaison qui reçoit un traitement de soutien. Même si son intérêt est indéniable, nous sommes bien loin d’une psychothérapie EMDR qui damerait le pion aux autres psychothérapies dans la prise en charge du psychotraumatisme, idée souvent véhiculée par les promoteurs de cette approche. En effet, la réalité des résultats scientifiques est quelque peu différente.

Si la question de l’efficacité de l’EMDR dans le domaine de la prise en charge de l’état de stress post-traumatique s’est éclaircie grâce au développement d’études contrôlées randomisées, on ne peut que constater une augmentation de l’utilisation de l’EMDR dans de nombreux autres domaines (potentialisation des ressources et des forces, phobies, trouble panique, estime de soi, deuil, dysfonction sexuelle, douleur chronique, maladies chroniques, etc.). Paradoxalement, s’il existe un véritable engouement à découvrir de nouveaux domaines d’application de cette approche, on ne peut que regretter le manque de travaux qui, comme pour l’ESPT, apporteraient des preuves scientifiques tangibles susceptibles de faire de l’EMDR une indication psychothérapeutique. Les nombreuses publications laissent entrevoir que les pistes de développement de l’EMDR peuvent être plus larges et plus riches que celles du seul ESPT.