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BOLLAERT ÉMILE (1890-1978)

Fils d'un professeur de musique, Émile Bollaert est né à Dunkerque (Nord), le 13 novembre 1890. Après avoir obtenu sa licence en droit, il devient attaché au cabinet du préfet du Nord en 1913. Officier de chasseurs pendant la Première Guerre mondiale, il est nommé chef de cabinet du préfet de la Loire en 1919, après avoir été adjoint du chef des services administratifs et financiers au ministère des Régions libérées. Émile Bollaert fait ensuite une carrière préfectorale classique et brillante. Sous-préfet dans l'Aube, il est, à partir de 1929, préfet de la Haute-Marne, des Vosges, puis, de 1934 à 1940, du Rhône, après avoir, treize mois durant, été directeur général des Beaux-Arts. À Lyon, il a retrouvé Édouard Herriot, inamovible député maire, dont il avait été le chef de cabinet de 1924 à 1928, à la présidence du Conseil et au ministère de l'Instruction publique.

Ayant refusé de prêter serment au maréchal Pétain, Émile Bollaert est révoqué à compter du 25 septembre 1940. En janvier 1943, il est choisi par le Comité national français pour devenir, à la Libération, préfet de police à Paris. Sans lui enlever cette fonction future, les généraux de Gaulle et Giraud le nomment, par décret du 1er septembre 1943, « représentant du Comité français de libération nationale auprès du Conseil de la Résistance Française ». Il se voudra, auprès du Conseil national de la Résistance, un commissaire du gouvernement.

Le 3 février 1944, il est arrêté avec Pierre Brossolette à Audierne, après le naufrage du Jouet des flots devant Plogoff, alors qu’ils tentaient de gagner l’Angleterre. Emprisonné à Rennes puis à Paris où Pierre Brossolette choisit de se suicider le 22 mars, le préfet Bollaert est déporté d'août 1944 à avril 1945 et passe du camp de Buchenwald à celui de Dora puis à celui de Bergen-Belsen.

Lorsqu'il revient en France, Charles de Gaulle, qui le fait compagnon de la Libération, lui demande de devenir commissaire de la République. Il exerce cette fonction dans la région de Strasbourg de juin 1945 à mars 1946. Il y préside à la reprise économique comme à l'épuration qui, dans cette province annexée, prend parfois l'aspect d'une dénazification.

Émile Bollaert devait encore servir l'État comme conseiller de la République en 1946, puis comme haut-commissaire de France en Indochine de 1947 à 1948. Préfet honoraire, président de l'Association du corps préfectoral, il défend ses pairs et contribue à la mise en sommeil de l'article de la Constitution de 1946 qui prévoyait que le préfet cesserait d'être l'exécutif dans le département et serait supplanté par le président élu du Conseil général. À partir de 1949, Émile Bollaert se consacre aux affaires comme vice-président des Forges de Strasbourg et administrateur de sociétés. Il est aussi président de la Compagnie nationale du Rhône jusqu'en 1960, au temps de la construction des grands barrages qui ont fait du fleuve une artère industrielle entre Lyon et la Méditerranée.

De 1971 à 1977, il est encore président du Comité français des expositions qui facilite la participation des entreprises françaises aux manifestations internationales. Courtois et bienveillant, Émile Bollaert préside aussi la Mission laïque française, la Société d'encouragement à l'art et à l'industrie, le Service social de l'enfance en danger moral.

Aussi, à son décès, le 18 mai 1978, ses activités inlassables lui valent, dans la cour des Invalides, un hommage solennel rendu par le président du Sénat.

— Charles-Louis FOULON

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Écrit par

  • : docteur en études politiques et en histoire, ancien délégué-adjoint aux célébrations nationales (ministère de la Culture et de la Communication)

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