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GILIOLI ÉMILE (1911-1977)

Né à Paris, le sculpteur Émile Gilioli est d'origine italienne. Fasciné très jeune par le travail des matériaux, par le pouvoir du dessin, et parfaitement conscient de sa vocation, il a reçu une formation extrêmement complète. Artisanale d'abord, chez le forgeron de Reggiolo, dans la province d'Émilie, où il passe une partie de son enfance et son adolescence, puis plus tard à Nice, chez un sculpteur spécialisé dans l'ornementation des jardins et des façades ; académique ensuite, aux Arts décoratifs de Nice, et à l'École des beaux-arts de Paris, où il est admis en 1931. Gilioli fait également du dessin d'après modèle vivant à la Grande-Chaumière et fréquente l'académie Ranson. Il participe pour la première fois, en 1939, à un Salon, celui des Tuileries.

Démobilisé en 1940, l'artiste s'installe à Grenoble. En accord complet avec la nature de cette région de France (il partagera toujours sa vie entre Paris et Saint-Martin-de-Cluse), bénéficiant de solides amitiés, celles d'Andry-Farcy, conservateur éclairé du musée de la ville, du peintre Henri Closon, ancien membre du groupe Abstraction-Création, et du surréaliste Déméter Verbanesco, exposant à plusieurs reprises, réalisant ses premières commandes monumentales, il rompra dès cette époque avec l'académisme et s'orientera vers une sculpture qui, malgré certaines déformations expressionnistes, est déjà à base de dynamisme spatial.

Après la guerre, ses regards se tournent tout naturellement vers Brancusi, à qui il rendra de nombreuses visites, et dont l'influence sur son œuvre ne peut être négligée. Il rejoint alors le groupe d'artistes abstraits de la galerie Denise René. En 1948, il y expose aux côtés des plus grands sculpteurs de son époque : Arp, Calder, Picasso, Laurens, Giacometti et Jacobsen, et ses expositions personnelles se multiplient. En 1949, il devient un des membres fondateurs du Salon de la jeune sculpture, et il est nommé vice-président du groupe Espace animé par André Bloc, Fernand Léger et Le Corbusier.

Rigueur extrême, simplification géométrique, profond recueillement, recherche patiente de perfection caractérisent à partir de 1945 une œuvre qui figure incontestablement aux premiers rangs de l'avant-garde, et qui fait de Gilioli l'une des personnalités dominantes de la sculpture abstraite. Figuration du corps ou de la figure humaine (Babet, 1966), le plus souvent abstraction pure (L'Ange, 1947, parc floral de Vincennes ; La Sphère, 1947, musée national d'Art moderne, Paris ; Prière et Force, 1951, Tate Gallery, Londres ; Soleil de vie, 1968, Carnegie Institute, Museum of Art, Pittsburgh, États-Unis), acte de foi lorsqu'il aborde les thèmes religieux (Jeanne d'Arc, 1968 ; monument du plateau des Glières), l'œuvre de Gilioli témoigne cependant du profond attachement de l'artiste au monde de la réalité. Une réalité qui suggère sensations et idées, une réalité interprétée, transposée à l'extrême mais où se retrouvent les structures fondamentales d'un univers toujours présent, ainsi qu'un sentiment profond de l'unité du monde. Pratiquant, en parfait artisan qu'il est, la taille directe de tous les matériaux, y compris les plus résistants, obsédé par la pureté des formes, c'est grâce à un métier remarquable et à une connaissance absolue de son matériau que l'artiste témoigne de ce souci de dépouillement exemplaire où se lisent mystère et sérénité, plénitude intérieure et équilibre profond.

On ne saurait évoquer la personnalité de Gilioli sans mentionner également une œuvre graphique très importante, les nombreux cartons de tapisseries qu'il a réalisés, ainsi que le souci constant qu'il eut d'intégrer dans le monde et dans la nature une sculpture qui serait architecture. On lui doit un très grand nombre de[...]

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