MÂLE ÉMILE (1862-1954)
Historien qui a conquis à l'histoire de l'art des domaines nouveaux ; sa vocation paraît être née de l'École normale supérieure. En 1898, il présente comme thèse de doctorat une œuvre qui, sous un titre apparemment traditionnel : L'Art religieux du XIIIe siècle en France. Étude sur l'iconographie du Moyen Âge et sur ses sources d'inspiration, propose une méthode d'investigation originale. Il s'agit d'interpréter les œuvres d'art à la lumière de la production littéraire contemporaine. Autrement dit, d'en découvrir la signification en les replongeant dans le milieu religieux et intellectuel de l'époque. Dix ans après sa publication, l'ouvrage en était à sa troisième édition, ce qui est exceptionnel pour un livre d'histoire de l'art et davantage encore pour une thèse. Le succès s'explique par le fait que l'archéologue se doublait chez Émile Mâle d'un véritable écrivain. On a dit de lui qu'il avait l'art de faire fleurir les roses sur les ronces tant il savait donner à une érudition austère une présentation séduisante. Cependant, à la même époque (1908), il applique sa méthode à L'Art religieux de la fin du Moyen Âge en France. Comme le monde étudié est devenu plus divers et plus complexe, il développe ses curiosités aussi bien du côté de la théologie et de la mystique qu'en direction du théâtre et des récits légendaires. Enfin, remontant le temps, il étend son exploration, en 1922, à L'Art religieux du XIIe siècle. La même année mourait Mgr Duchesne, qui avait longtemps dirigé l'École française de Rome. Émile Mâle lui succéda en 1924. Quittant Paris, où il avait été élu en 1918 à l'Académie des inscriptions et belles-lettres, pour l'Italie, il abandonna momentanément l'art médiéval pour celui de la Contre-Réforme. De ces nouvelles recherches devait naître un quatrième livre important : L'Art religieux après le concile de Trente. Étude sur l'iconographie de la fin du XVIe siècle (1932). En 1928, son auteur avait été élu à l'Académie française. On a perfectionné la méthode d'Émile Mâle. Ses sources d'information doivent être complétées et ses interprétations discutées. Son œuvre n'en demeure pas moins la meilleure introduction à l'étude de l'iconographie chrétienne.
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Marcel DURLIAT : professeur émérite d'histoire de l'art à l'université de Toulouse-Le-Mirail
Classification
Autres références
-
L'ART RELIGIEUX DE LA FIN DU MOYEN ÂGE EN FRANCE. ÉTUDE SUR L'ICONOGRAPHIE DU MOYEN ÂGE ET SUR SES SOURCES D'INSPIRATION (É. Mâle) - Fiche de lecture
- Écrit par Daniel RUSSO
- 1 035 mots
Après le succès remporté par son livre sur L'Art religieux du XIIIe siècle en France. Étude sur l'iconographie du Moyen Âge et sur ses sources d'inspiration (Armand Colin, Paris, 1898) et alors qu'il enseigne à la Sorbonne, Émile Mâle (1862-1954) approfondit son étude...
-
ALLÉGORIE, notion d'
- Écrit par François TRÉMOLIÈRES
- 1 454 mots
...contraire, il n'y a pas lieu d'opposer l'allégorie au symbole, la première pouvant être décrite comme développement organisé du second. L'historien d'art Émile Mâle (1862-1954) emploie spontanément le terme de symbolisme pour qualifier l'esthétique médiévale. Cependant le romaniste Erich Auerbach... -
ART (Le discours sur l'art) - L'histoire de l'art
- Écrit par André CHASTEL
- 4 725 mots
- 1 média
...que l'œuvre doit réaliser. Reprenant une exploration des sources écrites que les premiers archéologues, comme Didron, avaient déjà conduite assez loin, Émile Mâle, restituait, dans l'Art religieux du XIIIe siècle en France (Paris, 1898), l'articulation générale des figures symboliques de la cathédrale....