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OSTY ÉMILE (1887-1981)

C'est en 1973 que le chanoine (c'est ainsi qu'il signait) Émile Osty, sulpicien, publia aux éditions du Seuil la Bible en un seul volume qui porte son nom. Cette version avait déjà paru, en vingt-deux volumes, aux éditions Rencontre de Lausanne, de 1970 à 1973, elle était illustrée d'une riche iconographie rassemblée par l'abbé F. Garnier.

Né en 1887, Osty avait donc quatre-vingt-six ans lorsqu'il conclut sa tâche importante et remarquable de traducteur de la Bible, tâche commencée quelque trente ans plus tôt. C'est en 1946, en effet, qu'il avait publié sa première traduction, les Épîtres de saint Paul, aux éditions Siloé. Il devait faire paraître ensuite les Évangiles synoptiques, puis les Quatre Évangiles pour aboutir à l'ouvrage qui devait asseoir sa notoriété, le Nouveau Testament, souvent réédité à partir du début des années 1950. Entre-temps, il avait collaboré à la Bible de Jérusalem, avec sa traduction et sa présentation, d'abord en fascicule, du Livre de la Sagesse. Autant dire que c'est l'helléniste chevronné qu'il était, ancien professeur de lettres classiques avant de devenir, à l'Institut catholique de Paris, professeur de grec biblique et d'exégèse du Nouveau Testament, qui se manifesta d'emblée. Sa traduction du Nouveau Testament surprit très favorablement par l'acquis de culture hellénique qu'elle reflétait mais aussi par son exigeante finesse littéraire. Ces deux traits furent une constante dans l'œuvre d'Osty, soucieux, comme il le disait, « d'écrire non seulement en langue française, mais encore en français ». Faite par un maître de la langue et de la culture grecques doublé d'un maître de la langue et de la culture françaises, la Bible Osty est l'œuvre d'un humaniste. On perçoit cependant une évolution dans la carrière du traducteur. Dans les premiers temps, l'arrière-fond hellénique de la belle traduction française était très important : Paul de Tarse, par exemple, tenait des discours de parfait orateur grec, en excellent français. Cet excès fut corrigé par la suite, progressivement : le passage de la littérature biblique de langue grecque, principalement du Nouveau Testament, à la vaste littérature hébraïque et araméenne de l'Ancien Testament y fut pour beaucoup.

Au moment où de grandes Bibles collectives, telles la Bible de Jérusalem et la Traduction œcuménique de la Bible, connaissaient un étonnant succès, en France et ailleurs, le chanoine Osty réalisa et imposa la Bible d'un seul homme. Il renouait ainsi avec l'entreprise d'un autre chanoine, Augustin Crampon (1826-1894), le premier auteur catholique qui ait publié en français une Bible manuelle traduite sur les textes originaux (maintes fois mise à jour et rééditée, depuis 1904, par les éditions Desclée, la Bible Crampon se vend toujours en édition de poche). À la différence de ses sœurs prestigieuses, bien plus confessionnelles, la Bible Osty est surtout un monument littéraire de grande qualité, à la fois par son objet même, le texte biblique, et par sa langue, un élégant français classique. Il en est de même pour les notes : admirables malgré leur abondance – dans la Bible de 1973, elles occupent la moitié de la page –, elles ne sont pas un commentaire religieux, mais le guide agréable et sûr d'une lecture culturelle et esthétique des récits et poèmes bibliques.

La Bible Osty a été réalisée par un homme dont le nom restera lié au vaste mouvement de traduction de la Bible du xxe siècle. Elle bénéficia néanmoins du travail précis et assidu d'un autre sulpicien, Joseph Trinquet, professeur au séminaire de Saint-Sulpice depuis 1945, dont le nom figure souvent à côté de celui d'Émile Osty, notamment dans l'édition du Nouveau Testament de 1962 et dans la Bible de 1973.[...]

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