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ÉMILIE

La route des pèlerinages

Au xiiie siècle, rapporte E. Mâle, des jongleurs célébraient Olivier et Roland sur les places de Bologne. À partir du xie siècle, en effet, la poésie et l'art français ont pénétré en Italie avec les pèlerins, et c'est par l'antique chemin, la via Aemilia devenue « via Francigena », que se sont répandues les légendes épiques : au portail de Modène, Artus de Bretagne et ses compagnons chevauchent autour de l'archivolte. C'est par la « via Francigena » qu'arrive, dans les églises de Parme, de Plaisance, de Ferrare, l'influence de la Provence et du Languedoc.

Ces apports français n'empêchent d'ailleurs pas l'art roman d'Émilie d'avoir les caractères propres dus à des personnalités artistiques de premier plan. À Modène, Wiligelmo (xie siècle) fonde sur le retour à l'Antiquité une rénovation de la plastique. À Plaisance et à Ferrare travaille maître Niccolo (xiie siècle) qui préfère le pittoresque familier aux mystères du sacré. Mais le grand maître de la sculpture romane est Benedetto Antelami (1150 env.-1225 env.) : la Descente de croix de la cathédrale de Parme émerveille par son calme et sa noblesse. Il y a chez l'artiste des réminiscences de Saint-Gilles-du-Gard et de Saint-Trophime d'Arles. Mais son goût du naturalisme l'apparente aussi aux sculpteurs de Chartres : au Baptistère de Parme, dont il a certainement ordonné l'ensemble décoratif, les statues des mois ont cette solidité paysanne et cette gravité qui défie le temps.

<it>Le Jugement dernier</it>, P. Cavallini - crédits : V. Pirozzi/ De Agostini/ Getty Images

Le Jugement dernier, P. Cavallini

L'art gothique religieux n'atteint pas ces sommets, même si Bologne a nombre d'églises fort intéressantes (San Francesco, San Domenico, San Giacomo et surtout San Petronio). L'architecture civile, en fait, est plus séduisante, car elle a modelé la physionomie de toutes ces villes de briques rouges et d'arcades (Gotico de Plaisance, Castello estense à Ferrare, palais de la piazza Maggiore à Bologne). Mais c'est surtout dans la peinture que le xive siècle émilien manifeste son originalité : à Bologne, les artistes qui travaillent autour du chantier de San Petronio, et le plus grand de tous, Vitale (mentionné entre 1330 et 1359), sont des réalistes au dessin presque anguleux et plein de force. L'École de Rimini, que l'on retrouve aussi à Pomposa et à San Pietro in Silvis, a, au contraire, assimilé les leçons d'un Giotto (1266-1337), d'un Lorenzetti et d'un Cavallini, mais aussi celles des mosaïstes de Ravenne.

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Abbaye de Pomposa, Romagne, Italie - crédits : Liane Matrisch/ Panther Media/ Age Fotostock

Abbaye de Pomposa, Romagne, Italie

<it>Le Jugement dernier</it>, P. Cavallini - crédits : V. Pirozzi/ De Agostini/ Getty Images

Le Jugement dernier, P. Cavallini

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