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PRADOS EMILIO (1899-1962)

Poète espagnol, andalou comme Federico García Lorca, Emilio Prados appartient lui aussi à la « génération de 1927 » qui marqua un renouveau éclatant dans la poésie espagnole : J. Guillén, P. Salinas, V. Aleixandre, R. Alberti, L. Cernuda, D. Alonso... Dès 1924, en collaboration avec Manuel Altolaguirre, poète lui aussi, il dirige à Málaga l'imprimerie Sur rendue célèbre par la publication de la revue Litoral (1926-1929) et des premiers livres des poètes de 1927. Il participe à la guerre civile du côté des Républicains puis s'exile au Mexique où il meurt. Son œuvre poétique, parfois hermétique, toujours très intense, exprime les tourments d'un esprit hanté par la solitude, la maladie, la mort, l'éternité. Ses premiers livres sont écrits sous l'influence de Juan Ramón Jiménez et de la chanson populaire andalouse : Tiempo (1926), Vuelta (1927), Cuerpo perseguido (1928). Comme pour Rafael Alberti ou Lorca, le surréalisme l'aide à délivrer des images ou des accents nouveaux pour dire sa crise intérieure ou ses préoccupations sociales : La Voz cautiva, Andando, andando por el mundo (1934-1935). Dans les années de trouble précédant ou suivant l'éclatement de la guerre civile c'est l'inspiration politique qui domine : El Llanto subterráneo (1936), Llanto en la sangre (1937), Cancionero menor para los combatientes (1938). En exil il publie plusieurs livres : Memoria del olvido (1940), Mínima Muerte (1944) ; l'un des plus beaux s'intitule Jardin cerrado (1946). Ici la nostalgie du pays natal prend une dimension métaphysique qui inspire aussi les derniers : Río natural (1957), Circuncisión del sueño (1957), La Sombra abierta (1961), Ultimos Poemas (1965). Ce poète exigeant et pudique a su trouver des mots et des rythmes déchirants pour traduire la jubilation d'être ou la souffrance de vivre : « Dort le ciel, dort la mer / et au mitan mon cœur : / barque de ma solitude... / Solitude que je poursuis / au travers de mon espérance, / non de ma connaissance. » Parmi les écrivains de 1927, dont les plus grands l'ont éclipsé, le nom d'Emilio Prados demeure injustement méconnu.

— Bernard SESÉ

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Écrit par

  • : professeur émérite des Universités, membre correspondant de la Real Academia Española

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