DICKINSON EMILY (1830-1886)
Il a fallu attendre 1955 et la grande édition variorum de ses poèmes pour lire enfin l'œuvre de la poétesse américaine Emily Dickinson dans un texte sûr. Elle n'avait publié de son vivant que cinq poèmes qui passèrent inaperçus. Quatre ans après sa disparition, des amis et des parents rassemblèrent quelques centaines d'autres poèmes dont la transcription était loin d'être exacte. L'édition de Thomas H. Johnson (les poèmes en 1955 et les lettres en 1958) permet aujourd'hui de mesurer la stature de celle qu'on s'accorde à classer parmi les plus grands auteurs américains du xixe siècle. Son œuvre est inégale, difficile, intensément personnelle, mais aussi parcourue d'éclairs de beauté. Sans rien devoir de très reconnaissable à aucun maître, elle se situe entre la tradition romantique américaine et la tradition calviniste de la Nouvelle-Angleterre.
Sources de l'inspiration
L'histoire d'Emily Dickinson est la chronique sans relief d'une célibataire provinciale dont toute la vie s'est déroulée à Amherst (Massachusetts) ; nul incident notable ne la signale. Fille d'un avoué, élevée dans la religion congrégationaliste, la poétesse fait des études bourgeoises à Amherst College, puis à Mount Holyoke Seminary ; avant la trentaine, elle se cloître chez son père et vit en recluse excentrique, vêtue de blanc, soignant son personnage et ses apparitions, écrivant des poèmes qu'elle montre à quelques intimes, puis qu'elle dissimule dans un coffre. Peu de gens en connaîtront l'existence : sa sœur et sa belle-sœur, le critique T. W. Higginson et l'écrivain Helen H. Jackson, qui seront ses confidents littéraires.
Dès l'adolescence, Emily Dickinson fait preuve d'un esprit alerte et spirituel, d'un style pittoresque et mordant qui jongle volontiers avec les mots et expérimente avec le langage. Certains biographes ont fait cas d'une passion platonique que la poétesse aurait nourrie pour un pasteur marié, Charles Wadsworth, et qui aurait contribué à son inspiration ; les critiques plus récents tendent à minimiser l'incident et à souligner, en revanche, les angoisses métaphysiques de celle qui, vivant dans un monde encore très puritain, n'a jamais pu éprouver la grâce au point de se convertir.
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Guy Jean FORGUE : ancien élève de l'École normale supérieure, professeur d'américain à l'université de Paris-III-Sorbonne nouvelle
Classification
Média
Autres références
-
UNE ÂME EN INCANDESCENCE (E. Dickinson)
- Écrit par Gilles QUINSAT
- 1 250 mots
Emily Dickinson fait partie de ces grands noms qui, avec Poe, Emerson, Thoreau, Hawthorne, Melville ou Whitman, marquent un tournant dans la littérature américaine. Si elle est parvenue si difficilement jusqu'à nous, l'histoire de l'œuvre, indissociable de celle de son auteur, n'y est pas pour rien....
-
HORN RONI (1955- )
- Écrit par Noël BOURCIER
- 1 005 mots
Roni Horn est une artiste américaine qui utilise la sculpture, le dessin, la photographie, l'installation et le livre. Depuis ses premières œuvres datées des années 1970, elle développe une réflexion sur la vision, l'espace de la représentation, l'identité et la mémoire. Les paysages islandais...
-
POÈMES, Emily Dickinson - Fiche de lecture
- Écrit par Claude-Henry du BORD
- 852 mots
Contemporaine des écrivains américains Poe, Melville, Hawthorne et Whitman, Emily Dickinson est née en Nouvelle-Angleterre (États-Unis) en 1830, dans un milieu pétri de culture puritaine. Totalement inconnue de son vivant, elle ne réussit à publier que cinq poèmes, dans de petits journaux et souvent...