ÉMIRATS ARABES UNIS
Nom officiel | Émirats arabes unis (AE) |
Chef de l'État | Cheikh Mohammed ben Zayed al-Nahyane (depuis le 14 mai 2022) |
Chef du gouvernement | Cheikh Mohammad ben Rachid al-Maktoum (depuis le 5 janvier 2006) |
Capitale | Abu Dhabi |
Langue officielle | Arabe |
Unité monétaire | Dirham des Émirats arabes unis (AED) |
Population (estim.) |
9 257 000 (2024) |
Superficie |
71 024 km²
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Histoire
« Trucial States », hégémonie britannique et émergence des émirats
La période moderne est profondément structurée par la présence britannique dans cette zone du Golfe qui, du xixe siècle à la fin des années 1960, constitue un véritable lac britannique. Surnommée par les étrangers « Pirate Coast » (la « côte des Pirates »), en référence aux attaques de pirates contre les navires de pêche européens ou omanais, elle devient « Trucial Coast » (la côte de la Trêve) au xixe siècle, en référence aux efforts britanniques pour imposer aux familles locales des traités successifs.
La présence britannique structure la formation d’entités qui vont devenir des « Trucial States » (États de la Trêve), autour de familles, garantes des traités de « trêve » vis-à-vis de l’extérieur. Les traités créent une relation exclusive avec le Royaume-Uni ; très jaloux de ses prérogatives dans la région, le Royaume-Uni isole les émirats du reste du monde et en particulier du monde arabe, si bien que ces régions autrefois commerçantes n’ont plus de contacts qu’avec l’Inde (la roupie y circule largement). Paradoxalement, cette présence contribue à asseoir leur souveraineté. Chaque entité définit ses relations avec le Royaume-Uni, car, selon les termes des traités et pour lutter contre la piraterie, chaque navire circulant dans le golfe doit être identifié par le drapeau de l’État dont il dépend ; cela fonde par exemple la séparation entre Dubaï et Sharjah ou le Qatar et Abu Dhabi, pour des zones géographiques qui n’ont pas existé de manière autonome auparavant.
La présence britannique dans cette région – qui marque encore aujourd’hui la société, avec les descendants d’Indiens venus à l’époque britannique ou ceux de conseillers britanniques – est un élément essentiel de la construction de ces États, dont le statut légal n’est défini d’abord que comme « in treaty relations with Britain » au temps de l’empire, puis comme « British protected States » jusqu’à l’indépendance. Les Britanniques laissent une large autonomie aux familles locales, n’interférant que peu dans leurs affaires intérieures tant que leurs intérêts ne sont pas en jeu, et, après la Seconde Guerre mondiale, ils assurent leur protection vis-à-vis de l’Iran et de l’Arabie Saoudite, les deux puissances régionales.
Les Britanniques dans un premier temps, à la recherche d’interlocuteurs, puis la nécessaire cartographie territoriale liée à l’exploitation du pétrole, transforment les familles locales en chefs d’État jaloux de leur souveraineté (même s’ils sont totalement dépendants), comme le montrent les rivalités acerbes, menant à des coups d’État au sein des familles, pour l’obtention d’une reconnaissance à l’égal des autres. La famille al-Nahyan s’impose à Abu Dhabi : après la période faste (1855-1909) de Cheikh Zayed ben Khalifa, dit Zayed le Grand, qui fédère les tribus des côtes et de l’intérieur, elle est marquée par de nombreux meurtres et vengeances dans les années 1920, jusqu’à ce que Cheikh Shakbout ben Sultan (qui règne de 1928 à 1966) apporte une stabilité. Il est déposé en 1966 par son jeune frère Cheikh Zayed ben Sultan al-Nahyan, qui meurt en 2004. À Dubaï dominent les al-Maktoum (les al-Maktoum et les al-Nahyan sont deux branches rivales d’une même grande confédération tribale), qui ont des racines urbaines dans cet État constitué dans une crique : ils font parler d’eux à partir de 1814 et se caractérisent par une stabilité au sein de la famille et l’absence de renversements violents, même si des oppositions intrafamiliales existent. Dubaï est une ville commerçante dynamique, dirigée comme une entreprise ; en 1957, un conseil municipal est mis en place ; en 1965, la première chambre de commerce des Trucial States y voit le jour. À Sharjah gouvernent les Qawasim, affaiblis dans les années 1820[...]
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Écrit par
- Philippe DROZ-VINCENT : professeur des Universités en science politique
Classification
Médias
Autres références
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ABU DHABI, ville
- Écrit par Encyclopædia Universalis
- 544 mots
La ville d'Abu Dhabi (en arabe Abū Zabī), capitale de l'émirat d'Abu Dhabi, est aussi la capitale de la fédération des Émirats arabes unis. Elle occupe la majeure partie d'une petite île triangulaire située dans le golfe Persique et reliée à la terre ferme par un pont....
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ARABIE
- Écrit par Encyclopædia Universalis , Robert MANTRAN et Maxime RODINSON
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...1961 (indépendance suivie par une attaque déclenchée par l'Irak, mais contrecarrée par la Ligue des États arabes), Bahreïn, Qatar et la Fédération des Émirats arabes unis en 1971. L'expansion de leur production pétrolière a fait d'eux les États les plus riches du monde. Quant au ‘Omān, indépendant depuis... -
CCG (Conseil de coopération du Golfe)
- Écrit par Encyclopædia Universalis
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Créé le 26 mai 1981, à l'initiative de Riyad, pour contrer les débordements possibles de la révolution islamique iranienne et limiter les retombées de la guerre Irak-Iran sur les monarchies pétrolières du golfe Persique, le C.C.G. regroupe les Émirats arabes unis, le Koweït, Bahreïn...
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DUBAÏ
- Écrit par Jean-Marc PROST-TOURNIER
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Capitale de l'émirat du même nom qui fait partie des Émirats arabes unis, la prospérité de Dubaï date d'avant la découverte du pétrole (en 1966) ; en effet, Dubaï (en arabe « la sauterelle ») possédait, grâce à sa crique en eau profonde et bien abritée, le seul mouillage valable de l'ancienne côte...
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