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BONDEVILLE EMMANUEL (1898-1987)

L'un des musiciens les plus comblés d'honneurs du xxe siècle, le compositeur français Emmanuel Bondeville restera surtout comme une figure marquante du théâtre lyrique.

Il naît à Rouen le 29 octobre 1898. Fils de sacristain, il perd ses parents assez tôt et commence à travailler dans une banque avant de pratiquer l'interprétariat (il parlait quatre langues). En 1908, il aborde 1'étude de l'orgue avec Louis Haut, organiste à Saint-Gervais de Rouen, dont il devient le suppléant. Puis, en 1915, il devient l'élève de Jules Haelling, titulaire à la cathédrale de Rouen. La même année, il est nommé organiste à Saint-Nicaise. Mobilisé en 1917, il est organiste à Caen. Après la guerre, il se fixe à Paris où, à partir de 1923, il travaille la composition avec Jean Déré, alors professeur au Conservatoire. Il participe à la fondation du Triton, l'une des plus célèbres sociétés de musique de chambre parisiennes de l'entre-deux-guerres, et compose ses premières œuvres, un triptyque de poèmes symphoniques d'après Les Illuminations de Rimbaud : Le Bal des pendus (1929), Ophélie (1931) et Marine (1933). En 1935, il est nommé directeur artistique à Radio tour Eiffel, puis à Radio Paris. Il est ensuite directeur des émissions artistiques de la Radiodiffusion française (1938-1945) et participe à la fondation des dix orchestres de province et d'Afrique du Nord qui assureront l'essentiel des programmes musicaux de la radio nationale et dont les derniers fonctionneront jusqu'en 1975.

En 1945, il devient directeur artistique de Radio Monte-Carlo. Puis il se tourne vers le théâtre lyrique, occupant successivement les fonctions de directeur de l'Opéra-Comique (1948-1951) et de directeur de la musique de l'Opéra de Paris (1951-1969). En 1959, il est élu à l'Institut au fauteuil de Florent Schmitt ; il occupera, de 1964 à 1986, les fonctions de secrétaire perpétuel de l'Académie des beaux-arts. Président du Comité national de la musique (1961), du comité directeur du concours international Marguerite Long-Jacques Thibaud (1968), de la fondation Maurice-Ravel et du concours international de chant de Toulouse, il reçoit en 1966 le grand prix de la musique de la Société des auteurs et compositeurs dramatiques (S.A.C.D.) pour l'ensemble de son œuvre théâtral. Marié depuis 1974 à la mezzo-soprano roumaine Viorica Cortez, il meurt à Paris le 26 novembre 1987.

Si l'on fait abstraction de quelques mélodies et motets, sa production, relativement peu abondante en raison des fonctions officielles qu'il a toujours occupées et qui constituaient un frein à son activité créatrice, est essentiellement tournée vers l'orchestre et vers le théâtre : après les trois poèmes symphoniques d'après Rimbaud, dont Le Bal des pendus s'est affirmé comme l'une de ses œuvres les plus jouées, il compose Gaultier-Garguille, poème symphonique (1951-1952), la Symphonie lyrique (1955-1956) et la Symphonie chorégraphique (1961-1963). À la radio, il signe les Illustrations pour Faust, musique de scène destinée à l'adaptation réalisée par Pierre Sabatier en 1942. Mais c'est pour la scène qu'il a écrit ses pages majeures : L'École des maris, opéra-comique sur un livret de Jacques Laurent d'après Molière (Opéra-Comique, 1935), Madame Bovary, drame lyrique sur un livret de René Fauchois d'après Flaubert (Opéra-Comique, 1951) et Antoine et Cléopâtre, opéra dont il écrit lui-même le livret d'après Shakespeare (théâtre des Arts de Rouen, 1974). Doué d'un indéniable instinct théâtral, Bondeville parvient à transformer ces trois chefs-d'œuvre de la littérature en chefs-d'œuvre lyriques. Il parle une langue qui semble prolonger à la fois l'apport de Massenet et celui de Debussy, mais de façon plus réaliste et plus concise, souvent plus sensuelle également.[...]

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Écrit par

  • : chef d'orchestre, musicologue, producteur à Radio-France

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