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GROUCHY EMMANUEL marquis de (1766-1847) maréchal d'Empire

Transfuge de sa classe (pour emprunter au marxisme son vocabulaire), Grouchy offre l'exemple typique de ces nobles qui, choisissant le parti patriote contre le parti aristocrate, embrasseront la cause révolutionnaire avec autant de persévérance que de détermination. Beau-frère de Condorcet et de Cabanis, esprit attentif et curieux, il restera l'ami des idéologues. Par conviction politique, il demande lui-même à être employé contre la rébellion vendéenne. Chef d'état-major de Hoche, il prépare avec lui l'expédition d'Irlande (1796-1797), mais sera responsable de son échec en raison de ses scrupules et de ses hésitations. Employé en Italie (1798-1799), blessé et prisonnier, il protestera par lettre contre le 18-Brumaire. Par un curieux paradoxe, ce général cultivé et réfléchi, chef de guerre assez médiocre, se révèle un admirable entraîneur de cavalerie ; à ce titre, il contribue glorieusement à toutes les guerres de l'Empire. Il joue pourtant de malchance : c'est lui que Murat charge de réprimer l'insurrection de Madrid le 2 mai 1808 (comme il avait dû déjà réprimer l'insurrection révolutionnaire des paysans piémontais en 1798). Il n'accepte la première Restauration qu'à contrecœur et, parmi les premiers, il rejoint Napoléon aux Cent-Jours ; il oblige le duc d'Angoulême à capituler et reçoit le dernier bâton de maréchal de l'Empire. On ne sait que trop la suite : après avoir contribué à la victoire de Ligny, chargé de poursuivre Blücher, Grouchy le laisse échapper et, paralysé de scrupules, craint de désobéir aux ordres de Napoléon en marchant au canon sur Waterloo. Le tenir pour l'unique responsable du désastre serait toutefois injuste. La seconde Restauration le proscrira (il passera cinq ans aux États-Unis) puis l'amnistiera mais sans l'employer ; Louis-Philippe lui rendra son bâton de maréchal. Ses Mémoires furent publiés en 1873.

— Jean MASSIN

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  • WATERLOO BATAILLE DE (1815)

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    Rentré de l'île d'Elbe au début de mars 1815, Napoléon est aussitôt mis hors la loi par le Congrès de Vienne. L'Angleterre, la Prusse, la Russie et l'Autriche s'engagent à marcher contre lui.

    Fidèle à sa tactique, il veut gagner l'ennemi de vitesse et manœuvrer...