MACRON EMMANUEL (1977- )
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La droitisation d’une présidence entravée
Emmanuel Macron est réélu à la magistrature suprême le 24 avril 2022 avec 58,55 % des suffrages exprimés, une seconde fois face à Marine Le Pen. Les élections législatives du mois de juin suivant sont marquées par de nouveaux records d'abstention et ne donnent pas à Ensemble ! (la coalition présidentielle) la majorité absolue à l'Assemblée nationale, ce qui constitue un désaveu inédit pour un président aussi récemment élu. La gauche renaît de ses cendres dans une coalition de partis, la Nouvelle Union populaire écologique et sociale (NUPES), autour de La France insoumise de Jean-Luc Mélenchon. À l'extrême droite, le Rassemblement national (RN), plus que jamais ancré dans la vie politique du pays, devient le deuxième groupe de l'Assemblée en nombre de députés. En quête de majorité parlementaire et s’appuyant sur un électorat plus âgé et conservateur qu’en 2017, Emmanuel Macron penchera désormais vers la droite de l’échiquier politique, abandonnant en grande partie l’idée de dépassement du clivage droite-gauche de sa campagne de 2017.
En mai 2022, il nomme à la tête du gouvernement Élisabeth Borne, qui a précédemment été ministre des Transports, de la Transition écologique et du Travail au cours de son premier quinquennat. Celle-ci se voit chargée de relancer la réforme des retraites. Le projet de mise en place d’un système par points, envisagé en 2020, est abandonné au profit d’un report de l’âge légal de départ à la retraite de 62 à 64 ans. Les huit principaux syndicats de salariés s’opposent unanimement à la mesure et appellent à des grèves et des manifestations. Les cortèges sont massifs dès janvier 2023, et la mobilisation, très populaire dans l’opinion, s’accroît jusqu’au printemps. En mars, le gouvernement utilise l’article 49, alinéa 3 de la Constitution (qui permet d’adopter le texte sans vote si le gouvernement n’est pas renversé) pour faire passer sa réforme. Cette procédure est par ailleurs utilisée vingt-trois fois par le gouvernement d’Élisabeth Borne pour l’ensemble des textes relatifs aux finances ou au financement de la Sécurité sociale. Chaque recours à cet article lui fait courir le risque d’une motion de censure, ce qui amène Emmanuel Macron à tenter un rapprochement avec LR.
Dans le cadre de la recherche de cette alliance avec la droite de l’hémicycle, le gouvernement fait adopter, en 2023, un projet de loi visant à faciliter l’expulsion des immigrés en situation irrégulière, grâce aux voix des Républicains et du RN. Le président de la République affirme assumer une « loi utile », mais saisit le Conseil constitutionnel qui invalide plus d’un tiers des articles. La majorité sort profondément divisée de la séquence. En janvier 2024, Gabriel Attal, un fidèle du président, remplace Élisabeth Borne à Matignon.
Les élections européennes qui se tiennent en juin 2024 sont marquées par un net recul du camp présidentiel et par la très forte progression du RN. Le soir des résultats du second tour, Emmanuel Macron annonce la dissolution de l’Assemblée nationale et la tenue d’élections législatives anticipées. Cette décision, peu compréhensible, est critiquée par l’ensemble de la classe politique. Si le parti de Marine Le Pen arrive nettement en tête du premier tour, le « front républicain », appliqué par le Nouveau Front populaire (NFP) à gauche et la coalition présidentielle, limite son score au second tour. Le NFP remporte une majorité relative de sièges, suivi par la coalition présidentielle, puis par le RN, LR arrivant loin derrière ces trois blocs, en quatrième position.
La Constitution ne fixant aucune règle au président dans son choix du Premier ministre, Emmanuel Macron écarte l’idée de confier Matignon au NFP. Le 5 septembre, il nomme Michel Barnier, une figure des Républicains,[...]
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Écrit par
- Blaise MAGNIN : politiste
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